De Tunis à Tozeur

Vendredi 18, samedi 19, dimanche 20 décembre 2009

Il a fait très froid dans l'Est cette semaine et une fois n'est pas coutume, le CC n'est pas prêt en ce vendredi soir. Pourtant, nous ne devons pas traîner car il nous faut être impérativement à Gènes samedi midi. Nous quittons enfin la maison, il est 22h30.

Il se met à neiger à l'approche de Lucerne ; la neige tient même au sol sur les derniers kilomètres avant le tunnel du St Gothard, ce qui rend la route extrêmement glissante. Nous sortons du tunnel, côté Tessin, plus de neige. Nous nous arrêtons à 3h00 sur une aire d'autoroute pour une très, très courte nuit.

Je reprends la route à 6h00. Nous retrouvons la neige en arrivant à Bellinzona. Une dizaine de centimètres est tombée cette nuit et nous contournons Milan sur une seule voie.

Nous conservons ce décor jusqu'à Gènes.

Il est 11h00 lorsque nous arrivons au port. Il fait -2°C, les quais sont couverts de neige.

Nous déjeunons tranquillement dans la file d'embarquement quand un homme nous fait soudain signe de monter à bord du ferry. Lorsque ce dernier nous demande nos billets, nous réalisons tout à coup que nous avons oublié de nous rendre au check in... Erreur de débutant, 1h30 de queue, pose déjeuner du douanier comprise.

Nous abandonnons enfin le CC dans la cale, et rejoignons notre cabine. Nous voyageons sur le Splendid de la compagnie GNV ; la traversée aller et retour en cabine extérieure pour quatre adultes, réservée par l'intermédiaire d'Euromer, nous coûte 1 336.50€.

Le départ était annoncé pour 15h00. Il est 17h45 lorsque le Splendid appareille...

La mer est très calme et nous passons une très bonne nuit. Alors que nous avions redouté les 23 heures de traversée, nous sommes finalement contents de bénéficier de ce repos forcé. Notre matinée est cependant un peu gâchée par les 90 minutes passées à devoir faire la queue pour nous présenter successivement devant cinq policiers afin de remplir les formalités d'entrée en Tunisie.

Les roues de notre CC se posent sur continent africain à 16h30, mais ce n'est que vers 18h00 que nous sortons du port. Durant cette longue attente, nous avons tout le temps de détailler les chargements improbables et monstrueux sur les galeries des véhicules qui nous entourent, beaucoup de vélos, de scooters, de canapés, d'éviers...

Nous retirons nos premiers dinars et faisons le plein de GO. Le litre est à 0.91 Dinars (Dt), prix fixe dans toutes les stations du pays, soit environ 0.50€/l (0.99€/l en France le jour de notre départ).

Nous rejoignons le port de plaisance de Sidi Bou Saïd et nous installons pour la nuit sur le parking de la capitainerie, après en avoir demandé l'autorisation au policier de garde.

Nous avons parcouru 22km ce jour en Tunisie.

 

Lundi 21 décembre 2009

La nuit a été très calme. Il fait beau, la température est agréable mais le vent souffle.

Nous apercevons Sidi Bou Saïd au dessus de nous. Nous grimpons au village depuis le port par un sentier en friche servant occasionnellement de dépotoir .

Nous découvrons les premières portes peintes. Il est 9h30, le village n'est pas encore réveillé. Nous montons au cimetière, puis au phare pour apprécier le panorama sur la baie de Tunis.

Nous sillonnons chacune des ruelles en prenant le temps de d'observer les détails d'architecture qui ornent les maisons, les moucharabiehs, les belles portes cloutées, les grilles de fenêtre ventrues...

Si cette visite matinale nous permet de profiter d'une lumière idéale, en revanche il est bien trop tôt pour espérer nous installer à la terrasse des célèbres cafés que sont le Café des Nattes et le Café des Délices...

Nous retrouvons le CC et quittons Sidi Bou Said. A la sortie du port de plaisance, une barricade a été installée et un homme semble nous attendre. Je baisse ma vitre à sa hauteur pour l'entendre me réclamer 10 dinars (env. 5€) pour la nuit. Nous sommes tout à fait conscients que la somme demandée est exorbitante, mais aucun tarif n'est affiché. De plus, nous n'avons que les billets retirés au distributeur la veille et pas de monnaie. Je le menace tout de même d'appeler la police, sans succès. Je lui tends les 10 dinars et insiste pour avoir un reçu...Il sort un carnet et me déchire 10 tickets de 1 dinars! Sur ce coup là, je me suis fait avoir.

 

Avant de partir pour Tozeur, il nous faut faire les courses pour la semaine. Nous nous arrêtons au Carrefour de La Marsa, sur la P9 en direction de Tunis.

 

Nous trouvons tout ce dont nous avons besoin, le magasin est identique aux nôtres, la boucherie a même un rayon porc.

 

Nous déjeunons sur le parking de l'hypermarché, puis prenons la route.

 

Nous traversons Tunis en cherchant la direction Le Kef par la route P5.

 

Pour la première fois depuis bien longtemps nous n'avons pas de GPS et nous devons nous débrouiller avec la seule carte Michelin Tunisie, bien insuffisante pour se repérer dans une agglomération comme Tunis.

 

Nous ne progressons que très lentement. La traversée des agglomérations se fait au pas. De temps à autre, nous apercevons la circulation fluide sur l'autoroute, parallèle à la P5 jusqu'à Mejez el Bab, et nous regrettons notre choix.

Nous arrivons à Teboursouk et prenons la direction des ruines de Dougga. Alors que nous suivons la route qui gravit la colline, nous sommes interpellés par un policier au volant d'une voiture banalisée qui nous informe qu'il est interdit de dormir sur le parking du site. Il nous invite cependant à stationner sur le parking du commissariat de Teboursouk. Nous faisons demi-tour et suivons ses directives.

Nous franchissons le portail et entrons dans l'enceinte du commissariat. Je suis les consignes et gare le CC devant la porte, face au guichet du poste de police. Peu de temps après, un second CC nous rejoint, à son bord un couple de retraités de la Seine et Marne, de retour en Tunisie et habitué à ce type de bivouac. Les grilles se referment, nous pouvons dormir tranquilles.

Nous avons parcouru 172km ce jour, 194km depuis notre arrivée en Tunisie.

 

Mardi 22 décembre 2009

Nous remercions nos hôtes et quittons le poste de police à 9h00. Exceptionnellement, ce matin je ne prendrai pas la photo du bivouac. Nous rejoignons l'entrée haute des ruines de Dougga et réglons 4DT (env. 2€) par personne pour l'accès au site. Nous refusons la proposition théâtrale d'un guide drapée d'une toge et préférons écouter les indications du GDR lues par Isa. Nous avons le site rien que pour nous, seuls quelques moutons nous accompagnent.

Thugga est d'abord une importante colonie Phénicienne. Après la chute de Carthage en 146 avant JC, Thugga préfère l'alliance des Numides de Massinissa à celle du vainqueur romain. La cité berbère reste administrativement autonome pendant près d'un siècle. Mais en -46, elle est annexée à la nouvelle province romaine d'Afrique par César. La cité connaît un rapide développement et participe à l'essor général de l'Afrique romaine des IIé et IIIè. Municipe sous le règne de Septime Sévère, Thugga est érigée en colonie en 261. Atteinte par l'invasion Vandale, la ville retrouve une grande prospérité sous la domination Byzantine. Lorsque survient la conquête arabe, contrairement à beaucoup de cités tunisiennes, la ville ne sera pas abandonnée par ses habitants, et il est probable que les paysans actuels de la nouvelle Dougga soient les descendants directs des anciens Thuggenses.
Dougga est le site antique le plus majestueux de la Tunisie. Les vestiges, perchés sur un plateau à 600 m d'altitude, s'étendent sur 25 hectares.

Nous débutons la visite par le théâtre au sommet de la colline. Construit entre 166 et 169, le théâtre de Dougga est petit (3 500 places) mais bien conservé. Assis sur les gradins, nous jouissons d'une vue splendide sur la plaine et les collines environnantes.

Nous descendons la voie romaine menant au Capitole.

Dédié à la triade Jupiter, Junon et Minerve, le Capitole de Dougga est l'un des monuments les plus importants de l'Afrique Romaine. De taille gigantesque, il est magnifiquement proportionné malgré des modifications Byzantines subies au VIè. Le sanctuaire est précédé d'un escalier monumental et d'un portique à colonnade corinthienne. Le fronton du temple figure l'apothéose d'Antonin le Pieux sous forme d'un homme enlevé par un aigle. Sous le monument, une crypte où l'on a découvert une tête de Jupiter.

Nous franchissons l'Arc de Sévère Alexandre et découvrons, à l'extrèmité ouest du site, les colonnes du temple de Caelestis. Un vieux berger accroupis sous un olivier sous tend quelques feuilles de menthe sauvage.

Nous quittons cet endroit magnifique et prenons la route de Gafsa. Passé Le Kef, nous quittons la P5 pour la route P17, bordée de figuiers de Barbarie. Les paysages sont vallonnés mais sans grand intérêt. Les contrôles de police avec d'énormes ralentisseurs sont systématiques, à chaque entrée et à chaque sortie d'agglomération. Nous nous arrêtons jamais, les policiers sont souriants, ils nous saluent en nous faisant signe de poursuivre notre route.

Les traversées de Thala et Fériana sont éprouvantes ; la foule s'écarte à notre passage et se referme derrière nous. Les gens tentent curieusement de voir l'intérieur du CC ; Victor et Romain sont un peu mal à l'aise et quant à moi, je redoute qu'un piéton se fasse heurter par un rétroviseur...

Il fait nuit lorsque nous arrivons à Gafsa et nous ne trouvons aucune indication pour nous mener à l'un des deux campings mentionnés dans le guide. Nous entrons dans l'oasis de Gafsa. Nous trouvons enfin le camping La Galia, après plusieurs kilomètres inutiles et quelques fausses pistes.

Le camping n'a qu'un seul occupant, un CC allemand. Les branches des palmiers de l'allée principale sont trop basses, les emplacements sont inaccessibles en camping-car. Nous restons sur le parking de l'entrée, juste à côté du CC allemand. Alors que je cherche vainement un branchement électrique, un vieillard sort de la nuit et me déniche une prise de courant bien douteuse derrière le comptoir de l'accueil, visiblement à l'abandon.

Nous avons parcouru 325km ce jour, 519km depuis notre arrivée en Tunisie.

 

Mercredi 23 décembre 2009

Le vieillard s'est fait un petit feu et a passé la nuit sur une chaise en plastique en face des CC. Aussitôt que j'ouvre ma porte, il s'approche de moi et me tend la note de la nuit, 28DT (env.14€).

Romain et moi faisons le tour du camping. L'endroit est très agréable, mais l'état de délabrement des installations est irréversible. Impossible de faire le plein d'eau ou de vidanger. "Camping qui à connu son heure de gloire...on peut déplorer un petit laisser-aller" indique le GDR. On confirme!

J'essaie de retrouver le chemin de la veille pour rejoindre le centre-ville de Gafsa, en évitant cette fois les trous et les branches basses de palmiers de l'aller. A la première intersection, nous constatons qu'une file ininterrompue de voiture arrive dans le sens opposé à notre direction. Un homme en mobylette s'arrête et m'explique que la rue est bouchée par le marché et que nous devons faire demi-tour. Nous retrouvons le goudron après un gros quart d'heure de rues défoncées en labyrinthe entre casbahs, mobylettes, piétons et poules. Exotique.

Nous suivons la route P3 jusqu'à Metlaoui, avant de bifurquer en direction des oasis de montagne. La route s'élève dés la sortie de Metlaoui et serpente à travers les sites miniers des phosphates. Ces mines sont exploitées depuis 1899 et ont fait de la Tunisie, l'un des plus gros producteur de phosphate au monde.

Quelques kilomètres plus loin, le paysage change radicalement, la route bien rectiligne qui nous mène à Moulares traverse maintenant un large plateau désertique.

En arrière plan, le Djebel Mrata, une petite chaîne de montagne, frontière naturelle entre le Tunisie et l'Algérie.

Il est presque midi, nous gardons la visite de Mides pour plus tard et roulons vers Tamerza et le restaurant recommandé par le GDR, le Restaurant du Soleil. La route longe l'oued, l'oasis et le vieux village s'étendent sur l'autre rive.

Le restaurant se trouve à la sortie du nouveau Tamerza. Nous sommes gentillement accueillis et nous installons à la terrasse extérieure couverte. Menu unique et service rapide, chorba, brick à l'oeuf et couscous tunisien. Le début du repas est excellent mais le couscous est très moyen. 14DT (env.7 €) par personne, boissons comprises.

Nous revenons sur nos pas pour atteindre Mides. La route traverse le nouveau village et s'achève devant les échoppes à touristes, au pied de l'ancien village surplombant le canyon. Nous sommes à 6km de la frontière Algérienne.

Nous sommes les seuls touristes, un guide "officiel" ne tarde pas à se présenter et m'offre tout de suite son aide pour me garer. Nous acceptons sa proposition à 23DT (11.50€) et partons pour la visite.

Après avoir dominé le canyon du haut des ruines du vieux village, nous descendons au fond de ces impressionnantes gorges, suivons le lit de la rivière sur quelques centaines de mètres avant de remonter par une partie du canyon partiellement comblée et toujours cultivée.

Nous reprenons la route de Tozeur et traversons à nouveau Tamerza. A la sortie du village, nous longeons toujours l'oued, une petite cascade nous apparaît en contrebas de la route.

 

Quelques lacets impressionnants permettent à la route de redescendre de la montagne ; Devant nous, dans la brume, le Chott el Gharsa, deuxième grand lac salé de Tunisie.

Avant d'entreprendre la traversée du Chott, nous nous arrêtons quelques instant à Chebika, dernier des trois oasis de montagne, nichée dans une gorge verdoyante au pied de la montagne. Nous retrouvons ici cars de touristes, convois de 4x4 et naturellement marchands un peu plus agressifs.

Nous suivons le circuit aménagé et remontons le ruisseau jusqu'à la petite cascade. Derrière un palmier, l'eau jaillit de la faille d'un rocher.

Une cinquantaine de kilomètres restent à parcourir pour rejoindre Tozeur. Nous découvrons bientôt nos premiers dromadaires.

Nous entrons dans Tozeur et nous mettons à la recherche du camping Beaux Rêves. Nous arrivons à destination sans trop de difficulté, à l'ancienne, avec Isa et le plan du GDR en guise de GPS... Je passe le portail, surprise la belle allée de palmiers se termine devant l'accueil, le reste du camping n'est accessible qu'à pied... Une cellule sur un 4x4 Toyota est déjà installée derrière le bureau, je la reconnais immédiatement, il s'agit du véhicule d'André et Patricia Chazel, un couple de voyageurs dont nous suivons le tour du monde sur internet depuis quelques années.

Ammar, le gérant du camping, arrive, il nous installe contre son bureau avec cette formule, "Vous êtes ici chez vous, mais n'oubliez pas que vous êtes aussi chez moi!" beauxreves.koi29.com

Nous avons parcouru 226km ce jour, 745km depuis notre arrivée en Tunisie.

 
Jeudi 24 décembre 2009

Les enfants ont vite vu que nous bénéficions d'une connexion WIFI et ils en ont bien profités toute la soirée.

 

Nous rejoignons le centre de Tozeur à pied ; Les caléches vont et viennent dans l'avenue Abou-el-Kacem-ech-Chabbi en attendant les touristes et nous proposent leurs services avec insistance tout au long des 800m du trajet. Nous tournons avenue Bourguiba et commençons la visite par le marché et la ville moderne. Un jeune homme m'accoste, il prétend être serveur dans notre hôtel...

Nous abandonnons le centre et découvrons avec beaucoup plus d'intérêt les ruelles du vieux quartier d'Ouled-el-Hadef.

Larges porches, arcades et petites places, façades animées de motifs géométriques en creux ou en sallie, le tout maçonné exclusivement à l'aide de la brique locale au ton ocre clair.

Nous quittons la medina et retrouvons les calèches. Les touristes ne sont toujours pas là, au grand désespoir des caléchiers.

Nous revenons sur nos pas et déjeunons chez Zaabi, un petit restaurant juste à côté de l'entrée du camping ; Nous goûtons aux pizzas berbères, installés dans une petite cour intérieure faisant office de salle à manger.

 

La calèche 34 attend toujours devant le camping.

Nous sommes un peu fatigués mais nous ne voulons pas quitter Tozeur sans visiter la briquerie et la palmeraie. Nous cèdons finalement aux sollicitations du caléchier, nous nous mettons d'accord sur le prix de 20DT (10€) et nous donnons rendez-vous à 14h30.

14h15, nous sommes en pleine discussion avec Patricia et André revenus de Tozeur, notre chauffeur inquiet fait les cent pas devant le CC.

Nous montons dans la voiture et prenons la direction de la briquerie. Nous quittons l'agglomération, la route en terre nous mène à travers des quartiers plus pauvres avant de longer l'immense mur du golf de Tozeur. Devant nous, s'étend une zone désertique jonchée de détritus et de tas de gravats, restes de tous les chantiers de la ville.

Nous arrivons sur le site de la briquerie. Nous apercevons ça et là les cabanes et les fours. Nous nous arrêtons devant l'une d'elles, une autre calèche nous rejoint. L'artisan sort de son abri et commence sa démonstration.

Cette dernière est bien rôdée, toutes les étapes de la fabrication nous sont clairement expliquées par le briquetier, du malaxage de l'argile à la cuisson des briques. En retour, il nous invite à jeter un oeil sur sa production de poterie... Nous lui achetons un porte-bougie négocié sans conviction à 6.50DT.

Nous reprenons notre carriole et pénétrons dans la palmeraie. Cette dernière, qui s'étend sur 1000ha et qui compte près de 350 000 palmiers et 200 sources, est aujourd'hui, bien malade consécutivement au choix des autorités locales au cours de ces vingt dernières années. www.veilleinfotourisme.fr

Nous guide nous présente dans deux parcelles, la première est à l'abandon, mais elle nous permet de distinguer les trois étages de culture (maraîchère au sol, arbres fruitiers au niveau intermédiaire et au dessus les palmiers couverts de dattes de la meilleure qualité, deglet en nour), et une seconde parcelle, totalement remodelée, mais pour laquelle le temps nécessaire à la croissance sera bien long avant de retrouver les productions optimales.

Nous revenons au camping Beaux Rêves et retrouvons Patricia et André. Apéritif, champagne, foie-gras, accompagnent les discussions de voyages...Nous passons un merveilleux moment en leur compagnie et un réveillon inoubliable.