Le Maramures

Vendredi 2 août 2013 (suite)

Nous entrons en Roumanie par le poste frontière de Petea. Nous roulons quelques kilomètres, puis nous nous faisons une halte à Santu Mare pour retirer des Lei (pluriel de Leu, encore appelés quelques fois RON). Nous achetons également, dans une station service, la rovigneta, vignette obligatoire sur tout le réseau routier roumain, 16€ pour un mois..

Nous prenons la route 19 en direction de Sapinta, à la frontière ukrainiènne. Les routes, sujet d'inquiétude à l'entrée dans le pays, sont relativement bonnes. Les premiers villages que nous traversons sont très étendus; les maisons s'égrainent uniquement le long de la route principale et de quelques rues perpendiculaires, mais seule la première est goudronnée.

 

Notre étonnement est à son comble lors de la traversée de Certeze; Alors que jusqu'ici nous ne relevions que des signes de pauvreté, nous découvrons un village où d'énormes maisons neuves viennent d'être construites, ou sont en cours d'achèvement, dans un grand concours d'étalement de richesse entre voisins. Nous trouvons la maison du vainqueur provisoire et celle-ci nous laisse bouche bée; nous l'apercevons derrière d'imposantes grilles, une immense verrière sur le coté et sa façade principale totalement ornée de colonnes et de statues.

Nous entrons dans le Maramures, les routes sont plus mauvaises et je dois déduire l'allure.

Nous arrivons enfin à Sapinta, nous traversons tout le village pour rejoindre la pension Poieni (N 47.94795   E 23.69815).

Il est 19h00, la patronne est occupée au service du dîner, elle nous indique juste où nous devons stationner et repart. D'évidence, ce n'est pas la bonne heure pour arriver... www.camping-poieni.ro

Nous avons parcouru 425km ce jour, 1 700km depuis notre départ.

Samedi 3 août 2013

Le camping est assez sympa. Cependant, la plupart des occupants lèvent le camp assez vite et nous nous trouvons presque les derniers à partir. Nous payons 35 Lei (env 8€) pour la nuit et partons pour le fameux cimetière joyeux.

Le cimetière est à 2km de la pension, autour de l'église. Nous laissons le CC près de celle-ci.

A partir de 1935, Ion Stan Patras (1909-1977), un artisan menuisier local a sculpté et peint les stèles des tombes du village. Elles sont personnalisées avec une représentation du métier, du trait de caractère, qualité, défaut ou travers du défunt... Sous l'image, une épitaphe relate, avec humour parait-il, en quelques lignes ce que fût sa vie. La tombe du créateur n'y échappe pas. Cette tradition est encore perpétuée à ce jour et nous constatons que quelques tombes sont très récentes. Entrée 5 Lei (1.20€) , droit photos 5 Lei.

Avant de quitter Sapinta, nous nous rendons au monastère Peri. Isolé au milieu de la forêt, sa construction a débuté en 1997 et il n'est pas achevé à ce jour. L'église en bois est terminée, sa flèche culmine à 75m.

Le style est celui des églises traditionnelles de la région, cependant les dimensions sont bien plus importantes et vraiment hors du commun. Le VW T4 orange stationné au pied de l'église a l'air minuscule.

Nous poursuivons notre route le long de la frontière ukrainienne et arrivons à Sighetu Marmatiei.

Nous faisons notre premier plein de GO en Roumanie, le litre est à 5.71 Lei (1.34€), sensiblement identique au notre. Pas très loin de là, nous apercevons l'impressionnant chantier d'une nouvelle église orthodoxe sortant de terre.

Nous prenons ensuite l'itinéraire décrit dans le GDR, Vadu Izei, Berbesti, Calinesti, Sarbi, Budesti...

Nous avons l'impression de parcourir un écomusée ; Tout mériterait une photo, cependant les maisons se suivent, très différentes les unes des autres, mais il n'est pas possible de s'arrêter. De plus, photographier les personnes devant leur maison ou alors qu'elles travaillent n'est pas dans mes habitudes.

Les maisons les plus anciennes sont en bois, couvertes de tôles ondulées ou de tavaillons en bois; Elles sont systématiquement clôturées, avec un grand soin apporté aux clôtures, coiffées d'une protection sur le dessus. Le plus remarquable, c'est que les gens ne se copient pas les uns les autres et chaque propriétaire trouve une solution originale de construction.

Autre singularité, les portails, démesurés, en bois sculpté...

Les gens sont aux champs ou travaillent en forêts, le cheval tient encore un rôle majeur dans ces travaux.

Ici aussi, les cigognes font partie du paysage.

Nous déjeunons en bord de chemin dans la campagne, puis descendons vers la vallée de l'Iza.

Nous traversons Barsana et continuons quelques kilomètres jusqu'au monastère.

Un grand parking est prévu en bord de route pour accueillir les visiteurs, ainsi qu'un grand restaurant self-service. Les différents bâtiments qui composent le monastère sont disséminés sur une vaste clairière au dessus de la route et du village. Sur le chemin du monastère, entre le parking goudronné et l'entrée, une grande aire en gravier semble être un endroit agréable pour un bivouac.

Cet ensemble est récent, les premiers bâtiments ont été construits au début des années 1990, selon les traditions ancestrales. Le lieu est vraiment extraordinaire. Un monastère, détruit sous l'ère communiste, existait déjà ici au XIV ème siècle. Un texte en français, peint sous le porche d'entrée, relate l'histoire de ce site.

Seul vestige de cette période, l'église qui a été déplacée en 1800 pour être reconstruite sur une colline au centre du village. Nous nous y rendons en attendant que les visites s'achèvent et que le lieu se libère.

Lorsque nous revenons, un camping-car s'est déjà installé à l'endroit repéré ; deux autres arrivent rapidement, tous français. Nous dînons au self, 27 Lei (6.50€) à deux, un plat et une boisson, quelconque. Durant notre absence, la mère supérieure est venue voir nos voisins, demain nous sommes dimanche et beaucoup de monde est attendu. A 8h00 nous devons avoir quitté les lieux.

Nous avons parcouru 80km ce jour, 1 780km depuis notre départ.

Dimanche 4 août 2013

Nuit très calme. Le soleil se lève sur le monastère, 7h50 nous prenons la route.

Nous remontons la vallée de l'Iza, puis bifurquons en direction de Botiza. Nous sommes dimanche, aujourd'hui les habitants ne sont pas aux champs, ceux que nous croisons et nous saluent sont bien vêtus et se préparent à aller à l'église.

Chaque maison a son banc près du portail, tantôt face à la route, tantôt perpendiculaire. Nous roulons sans difficulté jusqu'à Poienile Izei, lorsque soudain le revêtement goudronné de la route disparaît; Celle-ci est trop étroite, nous avons pris le mauvais itinéraire, je préfère renoncer à Botiza, nous revenons sur nos pas.

Nous avons bien des difficultés à trouver les vieilles églises en bois, en revanche, celles que nous ne pouvons pas louper, dans chaque village que nous traversons, sont les églises toutes neuves coiffées de clochers en fer-blanc brillant au soleil.

Nous avons une longue étape avec le passage du col de Prislop, une route décrite par tous comme étant la plus mauvaise de Roumanie ; J'abandonne à regret le crochet par le village de Leud et partons pour Borsa et la vallée de la Viseu.

Nous passons Borsa, station de ski dont nous apercevons les pistes, puis entamons la montée du col.

Nous atteignons le sommet après 25km d'ascension. Durant la montée, nous apercevons les bâches bleues d'un camp de Roms installé dans une clairière au milieu de la forêt, loin de la route.

Pour la première fois du voyage nous franchissons le massif des Carpates, nous sommes à 1 416m. Nous déjeunons au col, près de la cabana alpina juste avant de basculer en Bucovine. De l'autre côté de la route, ici aussi, un monastère a été récemment construit.