La baie de Somme

Mercredi 24 mai 2017

Depuis plusieurs jours Météo France prévoit un temps estival pour ce long week-end de l'Ascension. Cela permet, pour une fois, de figer notre destination à l'avance et de programmer nos sorties; revers de la médaille, avec ce beau temps assuré il y aura beaucoup de monde quelque soit la destination...

Nous retournerons donc en baie de Somme. Nous y sommes déjà venus en mars 2005, en coup de vent, lorsque nous avions acheté notre Laika ecovip. Je réserve trois nuits dans un petit camping de 33 emplacements près du Crotoy, le camping les Marguerites campinglesmarguerite.free.fr, la traversée de la baie avec un guide le samedi matin traversee-baiedesomme.com, et deux restaurants, à Mers-les Bains et au Crotoy. Une semaine avant le week-end, tout est déjà presque complet...

Nous quittons la maison le mercredi soir après le travail. Epinal, Nancy, Saint-Dizier puis Châlons-en-Champagne, nous prenons ensuite l'A4, l'A26, l'A29 et enfin l'A16. Soit 600km dont la moitié sur autoroute et le reste en 2x2 voies pour une trentaine d'euros de péage.

Pour cette première étape j'ai repéré sur l'appli Park4night le parking de l'église de Favières (50.239523, 1.665668), un petit village à 5km du Crotoy. Nous y arrivons vers 1h30.

Nous avons parcouru 600km ce jour.

 

Jeudi 25 mai 2017

Nuit tranquille, mais nous voyons arriver deux camionnettes de marché à 8h45, alors que nous nous apprêtons à installer notre petit-déjeuner.

Le parking est immense, mais pour plus de tranquillité nous quittons les lieux et déjeunons quelques kilomètres plus loin sur un bord de chemin.

Nous rejoignons ensuite le camping les Marguerites. Le gérant nous remet les brochures des sites à voir dans la région et nous fait visiter le camping et les sanitaires... Dans notre vie de campeur, un tel accueil est une première!

Les emplacements sont très ombragés et plutôt petits, or il nous faut suffisamment de longueur pour pouvoir déposer facilement la cellule. A la place qui nous est réservée, nous préférons un emplacement en bout d'allée, un peu moins tranquille car contre les sanitaires... Mais vu le nombre de campeurs il n'y a rien à craindre...

Nous partons avec le pick-up faire quelques courses au Carrefour Market de Rue, puis revenons au camping pour notre premier barbecue. Après le repas, nous sortons les vélos et partons à la découverte du Crotoy.

La baie de Somme s'étend sur 70km². C'est l'embouchure de trois cours d'eau se jetant dans la Manche, la Maye, le Dien et la Somme. Elle a obtenu en 2011 le label Grand Site de France.

2 500 habitants, ancien village de pêcheurs et station balnéaire familiale.

Nous découvrons tout d'abord la plage, la fameuse plage exposée au sud, la seule du littoral... C'est marée basse, elle s'étend à perte de vue. Nous apercevons la pointe de Saint-Quentin-en-Tournont et la pointe du Hourdel, à cet instant la mer est à plus de 10km. Il subsiste néanmoins de l'eau, un chenal peu profond où les gens se baignent.

Nous remontons le chenal et arrivons devant l'hôtel des Tourelles, une des meilleurs adresses de la station. Nous sommes maintenant au plus près du cours d'eau et, comme la plupart des touristes, nous sommes extrêmement étonnés de voir autant d'écume à la surface de celui-ci.

Nous passons devant le port de pêche et son unique bateau, puis longeons le port de plaisance jusqu'à l'immense parking des campings-cars. L'explication de l'écume nous est donnée en arrivant près des écluses du bassin de chasse : En 1865, ces ouvrages furent construits par Ferdinand de Lesseps pour palier à l'ensablement de la baie de Somme. A marée haute, les écluses sont fermées pour retenir un énorme volume d'eau qui n'est libéré que 5 heures après la pleine mer, provocant un fort courant, un "effet de chasse d'eau", évitant la stagnation des sédiment. La mousse que nous apercevons est dûe à une espèce de phytoplancton présente aux environs du mois de mai, réagissant à l'agitation de l'eau de mer...

Le temps de parcourir les rues du village, le bassin de chasse s'est vidé, le courant et l'écume ont disparu. Nous prenons une bière sur la terrasse des Tourelles, puis revenons au camping.

Nous avons parcouru 10km ce jour.

 

Vendredi 26 mai 2017

Nous débutons la journée par la visite du parc du Marquenterre, situé à 4km du camping.

Le parc s'étend sur 200ha. Il est situé au bord de la baie de Somme, sur un polder artificiel crée pour y cultiver des fleurs à bulbes. Après l'échec du projet face à la concurrence des Pays-Bas, le propriétaire voulu réorienter son activité et eu l'idée de créer une réserve d'oiseaux migrateurs. Entrée 10.50€ par personne.

Trois parcours, de respectivement 45mm, 1h30mn et 2h00, sont proposés et, une fois franchie une dune couverte de pins, un point de vue offre un panorama complet sur l'ensemble du parc.

carnet de parcours

13 points d'observations sont répartis sur le parcours rouge que nous choisissons.

Les oiseaux que nous distinguons, malgré nos faibles connaissances en la matière, les spatules blanches, l'avocette élégante, le héron cendré, le vanneau huppé,

et les cigognes...

3 000 habitants, Rue qui était un port très actif au Moyen-Age, se trouve aujourd'hui à une dizaine de kilomètres de la mer.

De retour du Marquenterre, nous faisons un crochet par Rue pour quelques courses. Je me gare le long de la rue principale en face de la boulangerie. En ressortant de celle-ci, je découvre que je viens de me stationner au pied d'un extraordinaire édifice d'art gothique, la chapelle du Saint-Esprit...

A peine plus loin, le superbe beffroi du XVème, classé au Patrimoine mondial de l'Unesco...

Nous revenons déjeuner au camping, puis partons à la découverte de la côte picarde, sa partie sud, de la pointe du Hourdel à Mers-les-Bains.

La pointe du Hourdel, l'extrémité sud d la baie de Somme. C'est un petit hameau de la commune de Cayeux-sur-Mer constitué de quelques maisons basses alignées et d'un petit phare. Comme au Crotoy, les bateaux de pêche sont partis pour le Tréport suite à l'ensablement de la baie...

Nous laissons la baie dans notre dos et marchons le long du cordon littoral. La mer est en train de se retirer et en passant devant un petit groupe de personnes, nous entendons une dame expliquer que les phoques vont bientôt apparaître sur les bancs de sable...

Nous n'avons pas à attendre bien longtemps, juste le temps d'aller chercher mon téléobjectif et les phoques sont là, à se dorer au soleil...

Nous nous félicitons de cet excellent timing dû, pour cette fois, qu'au hasard...

Nous reprenons la voiture, passons le hameau de Brighton et son petit phare, et arrivons à Cayeux.

2 800 habitants, station balnéaire populaire avec une immense plage de galets, Cayeux capitale du cailloux...

Le front de mer n'est pas très attirant, en revanche l'alignement des cabines de plages est vraiment très sympathique.

400 cabines sont installées chaque saison, celles peintes en vert foncé et beige sont louées par la ville de Cayeux. Chacune porte un nom, parfois curieux, comme Belfort ou Pontarlier!

2 000 habitants, la ville est construite au bord de hautes falaises au recul inexorable...

Nous ne faisons que traverser la ville. Je m'arrête quelques instant pour prendre une photo à travers le grillage interdisant l'accès à l'ancienne promenade au bord de la falaise...

Par endroit, la balustrade est interrompue, des pans entiers de falaises se sont écroulées, cela fait froid dans le dos...

Il est presque 18h30, nous arrivons à Mers-les-Bains, il ne faut plus tarder car notre table au restaurant les Mouettes est réservée pour 19h00.

3 500 habitants, à l'extrémité sud de la côte picarde. De l'autre côté de l'Eu, le Tréport et la Normandie. Le "s" en fin du nom se prononce. L'arrivée du chemin de fer, la ligne Paris-le Tréport, en 1872 puis la mode des bains de mer permirent l'essor de Mers-les-Bains. Pour le front de mer et les rues adjacentes, il fut imposé de construire des maisons hautes et étroites, ornées de nombreuses fantaisies architecturales.

Nous nous installons en terrasse face à la plage de galets. Le restaurant se remplit en quelques minutes et très vite les clients sans réservation se font refouler.

Il faut dire que l'offre en restaurant est très limitée dans la station et plus encore sur le front de mer. Celui-ci est ouvert de fin mars à mi-novembre, installé dans des bungalows type Algeco, démontés à la fin de chaque saison...

Le coucher du soleil n'arrivera ce soir qu'à 22h00, nous avons tout le temps de profiter de la plage et du front de mer.

Les habitués ont rejoint leur cabine de plage et la météo radieuse leur permet de profiter de leur première soirée estivale de la saison...

Le soleil décline doucement et commence à dorer les belles façades... Toutes ces villas sont protégées et le quartier est classé secteur sauvegardé depuis 1986. L'ensemble représente 400 édifices d'intérêt architectural reconnu.

Nous arrivons sur l'esplanade des Congés Payés, nous avons atteint la commune du Tréport sans même avoir franchi le canal de l'Eu.

Nous restons sur la digue et assistons au coucher du soleil.

Nous avons parcouru 110km ce jour.

 

Samedi 27 mai 2017

Au programme ce matin, la fameuse traversée à pied de la baie de Somme. Nous avons réservé cette sortie sur le site traversee-baiedesomme.com Nous avons rendez-vous avec Arnaud, notre guide, à 7h00 aux écluses du bassin de chasse, tarif de 14€ par personne.

Nous rejoignons les écluses en vélo au lever du jour. Arnaud nous présente la traversée, trois heures nous seront nécessaires pour rejoindre Saint-Valery-sur-Somme. Nous sommes une quinzaine de participants, avec la même question en tête pour chacun, nos chaussures sont-elles adaptées à cette traversée et pourrons-nous éviter de les mouiller?

Notre guide règle très rapidement la question, nous débutons la randonnée par la traversée du Dien et nous avons de l'eau au dessus des genoux...

Le temps est venu de nous familiariser avec le vocabulaire de la baie : Notre randonnée se fera à travers l'estran (la partie du littoral située entre les limites extrêmes des plus hautes et des plus basses marées), nous traverserons la slikke (mot d'origine hollandaise nommant la zone de vasière recouverte par la mer deux fois par jour), et le schorre (mollières en picard, recouvert par la mer que lors des grandes marées).

Nous passons devant quelques cabanes de chasse aux canards, et goûtons aux plantes halophiles de la baie, l'aster maritime (ou oreille de cochon) et la salicorne (ou passe-pierre). Les cueillettes de loisir et professionnelle sont strictement réglementée. Certains passages sont plutôt délicats, le sol est collant, glissants, la baie est attachante comme le dit notre guide...

Nous approchons de Saint-Valery, l'orage menace au large, notre guide nous indique que la foudre est un des danger de la baie et nous demande de presser le pas.

Nous sommes arrivés, il nous faut encore traverser la Somme pour rejoindre la gare de Saint-Valery; cela ne peut se faire que le pont à l'entrée du village, nous quittons Arnaud et activons pour ne pas louper le train de 11h00.

Nos achetons nos billets, 11.20€ par personne, cependant le train est déjà bondé. L'association qui gère le Chemin de Fer de la Baie de Somme réagit immédiatement et ajoute un second train. www.cfbs.eu

Le train à vapeur longe la baie sur 27km, passe par le village de Noyelles-sur-Mer et met une heure pour rejoindre le Crotoy. Aujourd'hui nous sommes en grande marée avec un coefficient de 107, les moutons de l'estran ont été retirés des prés salés et nous les apercevons parqués en dehors de la baie. Nous récupérons nos vélos et revenons déjeuner au camping.

Après un peu de repos, nous reprenons la voiture en fin d'après midi pour retourner visiter Saint-Valery.

2 700 habitants, ancien port de commerce florissant composé d'une ville haute et d'une ville basse.

Nous laissons la voiture place de la Croix l'Abbé et marchons vers la chapelle des Marins,

puis arrivons dans les petites ruelles de la ville haute.

Nous passons la porte Guillaume et pénétrons dans le quartier médiéval.

Nous descendons et arrivons devant l'église Saint-Martin et ses décors en damier.

Nous quittons la ville haute par la porte de Nevers et retrouvons la promenade le long de la Somme.

Nous revenons au Crotoy et dînons au Bistrot de la Baie, un régal...

 

Dimanche 28 mai 2017

Nous réglons nos trois nuits de camping 54€, remettons la cellule sur le pick-up et prenons la route.

Nous faisons une halte à Noyelles-sur-Mer pour jeter un oeil au cimetière chinois de Nolette. Dans ce cimetière reposent 842 hommes, travailleurs venus de Chine pour aidés l'armée britannique pendant la première guerre mondiale.

150 000 chinois sont venus ainsi sur le sol français pour travailler dans les usines ou dans les champs, et le camp militaire britannique de Noyelles-sur-Mer était le quartier général des travailleurs chinois.

Nous continuons notre route et rejoignons Saint Riquier.

1 200 habitants, le village s'est développé à partir du VIIème siècle autour d'un monastère.

Le moins que l'on puisse dire c'est que ce petit village n'aime pas les camping-cars et nous interdit tous ses parking. Pour une fois nous décidons de braver les interdictions et nous nous installons pour déjeuner sur le joli parc de stationnement aménagé sous les murs d'enceintes de l'abbaye royale. De toutes façons nous sommes dimanche et il n'y a pas un chat et en plus nous ne sommes pas un camping-car...

L'abbaye royale a été construite à l'emplacement de l'église carolingienne. Les différentes restaurations ont suivi les évolutions du style gothique et sa façade du XVème est en gothique flamboyant. Le beffroi est classé au patrimoine mondial de l'Unesco. Autre curiosité du village, la maison Napoléon dont le pignon à la forme du bicorne de l'empereur...

Nous quittons définitivement la Picardie, nous prenons le même itinéraire qu'à l'aller et sommes surpris de trouver une circulation fluide et sans bouchon.

Nous avons parcouru 600km ce jour, 1 360km pour ce grand week-end.