Etat du Sinaloa


Lundi 30 décembre 2019 - J181

Nous nous présentons au port à 10h30. Nous passons la douane, le douanier est méticuleux mais très sympathique. Nous arrivons devant le bureau de vérification des gabarits, je donne le ticket du contrôle que nous avons déjà éffectué et payé. Celui-ci pose un problème car nous sommes classés dans la catégorie "pick-up avec charge" or la charge indiquée n'est que de 100kg. Il faut d'ailleurs préciser que le papier bleu qui nous est remis à ce stade comporte trois éléments, la catégorie, le poids et la longueur, et que la personne du guichet avait déjà dû faire venir le responsable car il n'avait pas indiqué la longueur... Nous recevons un nouveau papier bleu avec lequel nous devons nous présenter au bureau de Baja Ferries sur le port afin de rectifier nos billets. Ceci étant fait, nous pouvons monter sur le bateau. Isa rejoint les passagers et je pars vers le ferry.

Le responsable de l'embarquement vérifie mon billet et me demande d'attendre. Je suis sur la trajectoire des convoyeurs qui chargent les remorques sans tracteur sur le ferry, ils vont et viennent à toute allure et passent à quelques mètres de moi en dégageant un énorme nuage de poussière...  

La personne revient, il refuse la catégorie dans laquelle notre véhicule a été tarifé, il a prévenu le bureau de Baja Ferries et me dit d'aller faire modifier nos billets. 

Je reviens au guichet, l'employée me demande mon papier bleu. Celui-ci a été conservé par le bureau du port, je dois passer pour la troisième fois au contrôle des gabarits...

Le tarif Baja Ferries comporte, dans la catégorie tourisme, 8 classifications, selon le type de véhicule et la longueur. Nous étions dans celle "van, pick-up jusqu'à 6m" nous nous retrouvons dans celle "otro motorhome, jusqu'à 9m", et devons payer 9 704 pesos au lieu de 5 164, soit 485€ au lieu de 258€.

Nous refusons de payer et demandons des explications. La seule que nous recevons est que ce prix est applicable car notre véhicule est équipé d'un lit, et même si nous ne pouvons pas dormir dedans pour cette traversée, les 9m maxi ne sont pas un argument, il pourrait ne mesurer que 2m de long que le prix serait le même! Dit autrement, c'est tout simplement parceque nous sommes touristes... Je demande le remboursement des billets, nouveau refus, c'est impossible.

Chacun reste campé sur ses positions et le temps file. L'employée qui s'occupe de nous s'isole pour téléphoner puis disparaît. Nous craignons maintenant que Baja Ferries joue la montre jusqu'au départ du bateau auquel cas nous l'aurions loupé et n'aurions plus rien à réclamer...

L'employée revient, nous pourrions être remboursés si nous faisions une lettre. Nous refusons, nous voulons notre argent tout de suite.

Nous sommes renvoyés vers le bureau du port, pour à priori être remboursés. Le temps passe, il est 13h30, cela fait maintenant trois heures que nous palabrons... Les employées partent en pause, une autre prend notre dossier en main. Elle vient prendre une photo de notre véhicule, nous fait signer des papiers et nous rend enfin notre argent. Il est 14h00, le ferry que nous devions prendre quitte de port.

Ceci étant, nous sommes dans l'inconnu quant à notre départ de Baja California et la seule chose dont nous sommes certains, c'est que nous ne prendrons pas cette compagnie.

Nous sortons du bureau de Baja Ferries. Le bureau de TMC, est juste à côté. Celle-ci est plus spécialisée dans le frêt et n'a pas de personnel dans ses bureaux du terminal passagers. Nous entrons et demandons un tarif en montrant une photo de notre véhicule pour éviter tout malentendu.

L'employée nous annonce le prix, 3 854 pesos soit 193€. Nous économisons 65€ sur le tarif initial de Baja Ferries et nous pourrons dormir dans le camping-car sur le ferry qui part ce soir à 21h00. Nous devions arriver à Topolobampo à 22h00 et essayer de passer le reste de la nuit sur le port, nous arriverons à 8h00 demain matin en ayant dormi sur le bateau. Pour valider tout cela, je dois passer une quatrième fois au contrôle de gabarit. C'est un employé de TMC qui remplit le papier bleu, celui-ci ne comporte qu'une seule indication, la longueur. Ouf !

Il est passé 15h00, nous déjeunons enfin. Nous passons l'après midi sur le port dans le camping-car, nous sommes juste devant notre ferry et nous avons le temps de l'observer. Ce que nous voyons n'est pas très rassurant, le Santa Marcela semble être un vrai bateau-poubelle... 

Nous quittons La Paz vers 21h00. Nous prenons le dîner offert à bord dans la cantine, Isa garde le sourire, ma femme est vraiment formidable...

Nous avons parcouru 10km ce jour, 32 604km depuis notre arrivée à Halifax.  


Mardi 31 décembre 2019 - J182

Equipés de nos boules Quies, nous passons une excellente nuit sur la Santa Marcela. Le temps de prendre notre petit déjeuner et nous arrivons au port de Topolobampo. La visite de jour du bateau confirme malheureusement la première impression, c'est une véritable épave que nous sommes pressés de quitter au plus vite.

La flotte de la TMC possède 3 navires, celui-ci a été construit en 1984, avant de s'appeler Santa Marcela, il s'est appelé Lindertindur, puis Saga Moon et a navigué en mer d'Irlande et en mer du Nord. C'est le plus vieux des trois ferries.

Le débarquement est rapide, nous quittons le port en direction de Los Mochis.

L'état du Sinaloa est classé par le Ministère français des Affaires étrangères en orange "déconseillé sauf raisons impératives". Los Mochis, la ville que nous devons traverser et celle où a été arrêté en janvier 2016, le célèbre narcotraficant El Chapo. La ville suivante sur notre route est Culiacan, la capitale de l'état du Sinaloa, plaque tournante du traffic de drogue. En octobre dernier, de violents affrontements se sont produits entre les membres du cartel et les forces de l'ordre, lorsque celles-ci ont arrêté un des fils du trafiquant. Elles ont dû le relâcher pour apaiser la situation... Nous rejoignons l'autoroute payante et décidons de parcourir d'une traite les 450km qui nous séparent de Mazatlan, la grande ville un peu moins agitée au sud de l'état.  

L'autoroute est correcte, en revanche, les arrêts aux péages sont nombreux et nous payons 478 pesos, soit 24€ pour parcourir un peu moins de 400km. Nous franchissons également plusieurs contrôles de police. A priori ceux-ci ne sont pas un soucis pour certain car, à peine quittons-nous un barrage, qu'une BMW X6 blanche nous dépasse à plus de 200km/h alors que vitesse est limitée à 110... 

Au sud de Mazlatan, nous avons repéré un RV park, à Isla de la Piedra exactement, qui serait idéal pour passer Nouvel An et visiter la ville le lendemain. Nous faisons quelques courses en traversant Mazatlan et continuons vers ce camping. 

Isla de la Piedra est située face au port de cette dernière, à l'extrémité d'une lagune, la route est longue, interminable... Nous arrivons au Très Amigos RV park, aucune place ne semble disponible, il est tard et nous n'avons pas de solution de repli... Tous les occupants sont des snowbirds canadiens avec de grands intégraux, installés au mois, voire à l'année. L'un deux se présente, à priori le gérant, et nous propose de déplacer un pick-up pour nous libérer une petite place vers l'entrée, devant les douches avec wifi et full hook-up, pour $25 la nuit. C'est uniquement pour cette nuit, mais c'est déjà inespéré.

La plage est juste devant nous, beaucoup de personnes sont encore dans l'eau tandis que les restaurants préparent les tables pour le réveillon. Le pick-up est déplacé, nous nous installons. A peine ai-je raccordé le branchement électrique avec le convertisseur 110v/220v qu'il se met à pleuvoir.

20h00, c'est une forte pluie qui tombe maintenant, il n'y a plus aucune personne dehors, nous faisons notre réveillon en tête à tête dans la cellule, en regardant des vidéos sur l'ordinateur. Minuit, nous basculons en 2020, c'est à peine si nous entendons quelques cris... 

Nous avons parcouru 484km ce jour, 33 088km depuis notre arrivée à Halifax.


Mercredi 1er janvier 2020 - J183

Il a plu toute la nuit et ce matin il pleut toujours autant. Le gérant vient nous voir un peu avant midi, avec le mauvais temps, des arrivées sont retardées et un emplacement est encore libre pour cette nuit sur la deuxième partie du camping. Nous acceptons et partons nous y installer.

La pluie s'arrête vers 17h00, puis reprend en cours de nuit. 


jeudi 2 janvier 2020 - J184

Il fait un temps magnifique ce matin. Les campeurs s'extirpent petit à petit de leur trailer et de leur camping-cars pour se souhaiter enfin "happy new year". Pour eux, comme pour nous, c'est un peu comme si ce premier jour de l'année n'avait pas existé !

Nous quittons le RV park pour le petit centre de Isla de la Piedra. De grandes flaques d'eau se sont formées sur la piste et quelques rues du centre du village sont inondées. 

Nous laissons le CC près de l'embarcadère et partons immédiatement pour Mazatlan de l'autre côté de l'estuaire. Nous prenons un billet aller et retour, 35 pesos par personne soit 1,75€. Les navettes fonctionnent en continu et la traversée dure à peine dix minutes. 

Nous marchons vers le sud sur l'avenue Emilio Barragan, puis bifurquons sur la Calle 21 de Marzo pour rejoindre la Basilica de la Inmaculada Concepcion. Face à la basilique, la place de Revolution est assez jolie, avec son kiosque noyé dans une végétation tropicale. Juste à côté de celle-ci, l'Hôtel de ville de Mazatlan et son parvis.

Nous entrons maintenant dans le quartier historique de la ville. Nous le traversons au hazard de nos découvertes, vaguement en direction du Malecon. Toutes les façades de ce vieux quartier ont été restaurées, mais parfois ces maisons n'ont plus de toiture ou ne sont que des dents creuses dissimulant des parkings très sommairement aménagés. Nous passons la belle place Machado, suivons encore quelques rues et arrivons devant la plage Olas Altas.

Le front de mer est assez joli et bien entretenu, en revanche la forêt de pylones rouge et blanc qui le surplombe est assez inattendue... Nous suivons ce bord de mer, au loin nous apercevons la très longue plage et les immeubles du grand quartier balnéaire de la ville appelé Zona Dorada. Nous atteignons une large place en contrebas du Malecon, un attroupement de badauds attend le plongeon d'un homme perché sur le bord d'un garde-coprs au sommet d'un rocher. Nous restons un moment à suivre la scène, à tour de rôle et pour quelques pesos, les jeunes hommes plongent entre les rochers du haut de ce promontoire. Spectacle terrifiant... 

Nous revenons vers la place Machado et décidons d'aller déjeuner à la Casa 46, un restaurant unique avec une large terrasse offrant une vue plongeante sur la plus belle place de la ville. Ma tarte citron revisitée, accompagnée d'un sorbet à la bettrave rouge, est inoubliable et elle rejoint au panthéon de mes desserts préfèrés, la tarte au sirop d'érable de Mont-Louis en Gaspésie... 

Il nous reste à rejoindre l'île Creston et à monter au phare pour terminer la visite du quartier historique de Mazatlan. Pour y aller, nous avons la possibilité de prendre un des moyens de transports typiques de la ville, une pulmonia (sorte de voiturette de golf) ou une auriga (pick-up rouge dont la benne est équipée de siège), mais compte-tenu des calories de notre repas, nous préférons nous y rendre à pied... 

Du haut de son monticule de 157m, ce phare est le plus élevé des phares naturels après celui de Gibraltar. Nombreux mexicains sont encore en congés et nous ne sommes pas seuls à vouloir atteindre ce sommet. La montée est rude mais le panorama est une belle récompense, de la Zona Dorada à l'immense plage de Isla de la Piedra.

Nous redescendons du phare. D'ici de nombreux bateaux traversent l'embouchure mais les billets que nous avons ne nous permettent pas d'effectuer cette traversée et nous devons retourner à l'embarcadère par lequel nous sommes arrivés ce matin. Nous retrouvons le camping-car juste avant que la nuit tombe. Aujourd'hui, nous avons parcouru un peu plus de 15km à pied. 


vendredi 3 janvier 2020 - J185

Hier soir, nous sommes restés où nous étions garés en journée, dans la petite rue de l'Unesco, entre un parc et une école élémentaire. Nous y avons passé une nuit bien calme.

Nous revenons sur l'autoroute avec pour objectif de rejoindre et traverser l'état de Nayarit, puis d'atteindre la ville de Tequila dans l'état de Jalisco. Nous faisons le choix de nous déplacer sur l'autouroute à péage, pour d'une part éviter les agglomérations et leurs fameux ralentisseurs (topes), mais aussi et surtout pour ne pas rencontrer de policiers municipaux en quête de touristes pour arrondir leur fin de mois. Sur l'autoroute, seule la police fédérale est habilitée à intervenir ce qui, en principe, limite les risques.

Nous entrons dans l'état de Nayarit. Le premier péage où nous arrivons est occupé par des jeunes gens locaux, très nombreux et ayant installé des tentes tout autour du poste. Les barrières sont levées, mais une corde est tendue au travers du passage. Aucune animosité et pour nous cela se traduit par une diminution du tarif car ils nous demandent 100 pesos au lieu des 227 affichés. Les deux péages suivants sont également occupés, et au final nous parcourons plus de 100km à moitié prix.    

Nous évitons la ville de Tepic et entrons dans l'état de Jalisco. Les premières cultures d'agaves bleus nous apparaissent, ce sont de petites parcelles disséminées dans le paysage et curieusement nous voyons beaucoup de minuscules plantations en bord de route, sur les accotements ou autour de ponts de l'autoroute.

Nous sommes dans la région de Tequila, classée au patrimoine mondiale de l'humanité depuis 2006. Nous quittons l'autoroute 15 et entrons dans la ville. Nous avons indiqué un spot Ioverlander dans notre GPS, mais une fois de plus c'est par une longue rue étroite, animée et grossièrement pavée que nous y arrivons, alors que l'avenue principale est à deux pas...

Le stationnement répertorié est celui des enseignants de l'école primaire ;  Bien que nous soyons en période de congés scolaires, nous préférons ne pas braver les indications et choisissons de nous garer juste à côté, le long de la rue. Nous sommes à cinq minutes du coeur du village.

Nous faisons une petite reconnaissance des environs, la place du village est très animée et la rue Cuervo par laquelle nous y accédons, bordée de vieux bâtiments restaurés, est magnifique. Nous dînons dans un des restaurants de la place.

Nous avons  parcouru 432km ce jour, 33 520km depuis notre arrivée à Halifax.


samedi 4 janvier 2020 - J186

Réveil au chant du coq. Ou plutôt des coqs...

Nous retournons visiter le village par la belle rue Cuervo, de jour aussi, les bâtiments sont splendides, notamment celui du museo nacional del Tequila.

Sur la place centrale, une bonne dizaine de petits stands propose des dégustations de tequila de toutes marques et des cocktails à des prix imbattables, 70 pesos, soit 3,50€, servis dans de gros pots en terre cuite non consignés. Les stands ne sont pas encore ouverts, mais nous assistons à la livraison par les potiers de la cargaison qui sera écoulée dans la journée. Bien mieux qu'un gobelet plastique jetable, c'est un souvenir écologique qui donne du travail aux artisans locaux. 

11h00, nous accompagnons la première visite de la journée de la maison Cuervo. Le prix d'entrée de base est de 260 pesos, soit 13€. Celui-ci est fonction du nombre de dégustation, pour nous ce sera trois.

La ville de Tequila compte 18 distilleries. José Cuervo est la plus connue et la plus ancienne, elle a été fondée en 1758. Nous visitons les fours dans lesquels sont cuits les coeurs d'agaves bleus, puis les presses et enfin les alambics en cuivre d'où sort le fameux Tequila.  Nous visitons également les caves où sont entreposés les tonneaux de la prestigieuse Reserva de la Familia, puis terminons le parcours par la dégustation de l'édition limitée de 2017. Hélas pour nous, durant ces périodes de fêtes, l'usine est à l'arrêt pour maintenance et nous voyons des peintres, des électriciens et des menuisiers, mais pas de coeur d'agaves bleus...

Nous quittons la Maison Cuervo après une visite de la boutique, et c'est les idées un peu confuses que nous nous mettons en quête de notre repas. Nous déjeunons dans le marché tout proche, l'organisation de celui-ci est inhabituelle, les étals de boucher et de primeur sont à l'extérieur du hall, et l'intérieur est occupé par une gande salle commune entourée de différents stands de restauration. 

Nous faisons quelques courses, puis revenons au CC préparer notre circuit des villes coloniales. Nous passons une seconde nuit à Tequila.