Vancouver

Mercredi 18 septembre 2019 - J78

Nous passons une excellente nuit sur le petit parking en bord de mer près du Maffeo Sutton Park. Nous ne sommes pas bien en avance ce matin pour prendre le ferry qui nous ramènera sur le continent. Malgré cela, nous arrivons au guichet du port à 10h45 et à 11h00, nous sommes sur le pont du navire à regarder s'éloigner les côtes de l'île de Vancouver... Un vrai coup de chance. Depuis deux mois et demi, nous roulons vers l'ouest et pour la première fois du voyage c'est vers l'est que nous voguons...

La traversée ne dure que deux heures et la partie la plus spectaculaire de celle-ci est l'arrivée dans la baie d'Horseshoe. Avant cela, nous avons aperçu les gratte-ciel de Vancouver, mais de beaucoup trop loin pour que cette vue soit intéressante. Le bateau s'enfonce dans la baie, puis pivote à angle droit pour enter dans le  minuscule port qui ne nous apparaît qu'au tout dernier moment.

Nous quittons le port et rejoignons la route 99, l'unique route de cette partie de côte. Elle est également appelée la Sea to Sky Highway car cette route à quatre voies relie Vancouver à Whistler, la grande station de ski aux portes de Vancouver. Nous prenons la direction de celle-ci. Il est 13h00, nous cherchons un endroit pour déjeuner, mais cette route qui est très belle n'offre ni parking, ni point de vue sur la baie. 

Nous prenons la sortie Furry Creek. Un petit parking nous tend les bras juste au dessus des flots. Visiblement, cette petite urbanisation de quelques immeubles est privée, mais il n'y a aucune interdiction et pas un chat à l'horizon. Nous descendons au bord de l'eau, une allée paysagée parfaitement entretenue mène à une presqu'île, la vue sur le golfe est magnifique. Nous hésitons quelques instants, puis décidons de rester le temps de déjeuner sur ce parking. 

Nous reprenons la route et roulons jusqu'à Whistler. Cette station s'est grandement développée à l'occasion des JO de 2010 et tous les VTTétistes s'y retrouvent en été pour dévaler les pistes. Il est 17h30, nous préférons redescendre vers Vancouver. Nous faisons un arrêt aux Brandyvine Falls puis retrouvons Horseshoe Bay, juste au moment où le soleil disparaît derrière les îles.  

Nous arrivons sur Vancouver, la nuit commence à tomber. Nous franchissons le Lions Gate Bridge, survolons le parc Stanley et plongeons dans les rues animées de la ville. Nous rejoignons le parking du musée maritime, les informations que nous avons d'Ioverlander sur celui-ci sont inexactes, le stationnement n'est autorisé que pour trois heures maximum et il n'y a pas de forfait 24 heures. Nous nous mettons en quête du deuxième bivouac sur le parking auxilliaire d'un stade de baseball, le Nat Bailey Stadium. Ce dernier est conforme à la description et quelques vans et CC sont déjà installés. Il est un peu plus éloigné du centre-ville mais il présente l'avantage d'être gratuit !

Nous avons parcouru 239 km ce jour, 15 407 km depuis notre arrivée à Halifax.


Jeudi 19 septembre 2019 - J79

Nous marchons une vingtaine de minutes et rejoignons la station de métro King Edward. Nous achetons deux pass journée à 10 dollars. Nous prenons la ligne Expoline et en à peine quelques minutes, nous sommes à Waterfront, au pied de la grande tour panoramique, Harbour Centre Tower et de la gare ferroviaire.

Le temps n'est vraiment pas terrible ce matin et cela ne devrait pas s'arranger. Nous nous dirigeons vers Gastown, le plus vieux quartier de la ville, et descendons Water St, une rue touristique bordée de boutiques de souvenirs. Un petit attroupement se tient à l'intersection de Water St et de Cambie St devant une horloge, la Gastown Steam Glock, l'horloge à vapeur. C'est original, sa partie supérieure comporte 5 petites cheminées par lesquelles s'échappent un filet de fumée, et à chaque quart d'heure elle émet un très court sifflement de machine à vapeur. Hormis cela, son fonctionnement n'a rien d'exceptionnel et elle ne date que de 1977. 

De Gastown nous marchons en direction de Chinatown. Sans que j'y prète attention, nous venons de prendre la Hastings St East. Isa me rappelle que le Routard recommande d'éviter cette rue, "un quartier sordide où les toxicos errent comme des fantômes", mais c'est un point de passage obligé entre ces deux quartiers lorsque l'on est à pied. Ce que nous découvrons est insoutenable : des centaines de personnes, hommes et femmes, squelettiques, couchés à même le sol, ou debout dans des positions improbables, immobiles et en plein délire, un couple se jetant sur un vendeur à vélo en le suppliant, une jeune fille passant de voiture en voiture, plaquée contre les vitres pour trouver quelque chose à voler... Au milieu de tout cela, des touristes, comme nous, perdus, incrédules devant une telle situation. Sur internet, nous lisons que ce problème ne date pas d'hier et que l'on compte les morts par centaines, plus de 900 par an ces dernières années... Paradoxalement, les habitants que nous croisons sont charmants et dès que nous sortons notre plan, ils se proposent de nous renseigner. 

Nous entrons dans le Chinatown. Ce quartier est un quartier historique qui remonte aux années 1880. Aujourd'hui, la communauté asiatique qui représente plus du tiers de la population de la ville s'est largement dispersée. La porte est récente, elle n'a été ajoutée qu'en 2002. Ce quartier a perdu de sa vitalité et bon nombre de commerces ont baissé le rideau. Nous cherchons une table pour manger, une adresse particulièrement exotique retient notre attention, Bestie, une minuscule gasthaus en plein quartier chinois de Vancouver ! Saucisse sur lit de choucroute et salade de pommes de terre accompagnées d'une pression bavaroise. Ca change du Hamburger, un régal ! 

Nous revenons vers Gastown, puis continuons vers Downtown. Le ciel est toujours aussi gris et il commence à pleuvoir. Nous passons devant l'immanquable tour Trump et le Marine Building, premier building de Vancouver, vendu lors de la Grande Dépression à la famille Guinness. Nous nous mettons à l'abri dans un café.    

Nous souhaitons maintenant rejoindre le Museum of Anthropology situé à l'extrémité du quartier de Université de Colombie Britannique, l'UBC. A noter que l'entrée de ce musée est réduite de 18 à 10 dollars le jeudi à partir de 17h00, cela tombe bien, nous sommes jeudi ! Nous prenons le bus 44 et arrivons au coeur de l'UBC, que nous traversons à contresens des étudiants terminant leur journée de cours.   

Ce musée présente une importante collections d'objets des premiers peuples. Dans la grande salle vitrée à ossature de poteaux et de poutres béton sont exposés les imposants totems qui étaient érigés devant les habitations des chefs de tribu.

Dans les salles annexes sont présentées des vitrines avec des objets utilisés lors de cérémonies rituelles. Ici sont rassemblés plus de 16 000 objets des cultures amérindiennes, asiatiques et du Pacifique.

Le retour en bus est un peu long, nous mettons plus d'une heure pour arriver au camping-car. Il faut dire que ce musée est vraiment excentré. 

Sur le parking, deux camions frigorifiques sont garés tout près de nous et une clôture a été installée pour former un enclos.  Le frigo du camion se met en route toutes les demi-heures et nous comprenons qu'il va être pénible de dormir dans ces conditions. Le veilleur de nuit fait sa ronde, Isa sort discuter avec lui. Celui-ci lui indique que nous pouvons, si nous le souhaitons, nous déplacer sur un autre parking de l'autre côté du stade, près de la piscine. 


Vendredi 20 septembre 2019 - J80

Nous avons très bien dormi et nous nous félicitons de nous être déplacés. Nous laissons le CC pour la journée sur ce parking gratuit et partons pour la station King Edward. 

Le ciel est un peu plus clair ce matin et le soleil devrait revenir en fin de matinée. Nous commençons notre visite de Downtown par Canada Place, un centre de convention et un hôtel, prolongé par un terminal de bateaux de croisière avec une vaste esplanade publique. Un paquebot est à quai ce matin, l'Ovation of the Seas, en partance, avec près de 5 000 passagers, pour Honolulu.   

Nous continuons notre balade en suivant les quais et arrivons devant la flamme olympique des JO d'hiver de 2010.

Nous suivons toujours les quais, passons devant  la partie de plan d'eau réservée aux hydravions et arrivons devant une marina ceinturée de tours de verre.

La faim se faisant sentir, nous décidons de déjeuner avant d'entreprendre la visite du parc Stanley. Nous prenons la Denman St, dernière rue commerçante avant le parc et traversant la presqu'île de part en part. Nous mettons un peu de temps à nous décider et déjeunons finalement dans un restaurant grec-persan, le Mediterranean Grill. Copieux et rapide, les femmes sont aux fourneaux et les hommes au service et il vaut mieux pour ces derniers que cela ne traîne pas !

Ceci étant fait, nous partons pour le Stanley Park. Ce parc de 400 ha occupe toute l'extrémité de la presqu'île et est constitué essentiellement d'une forêt telle que l'on peut en trouver à l'extérieur de la ville. La grande attraction touristique est d'en faire le tour à vélo. Nous y avons pensé, mais le tarif de location nous a un peu refroidi (une trentaine d'euros pour l'après-midi par vélo), et nous avons été confortés dans notre choix en voyant circuler des pelotons d'apprentis cyclistes et assisté à un accrochage qui aurait pu avoir de graves conséquences.

Nous passons Brockton Point et ses totems et marchons jusqu'au phare. Nous avons une vue sur toute la baie et les gratte-ciel de Donwtown Vancouver. Le balai des hydravions est incessant.

Nous entamons le trajet retour, le ciel est mainteant tout bleu, la température est agréable, nous sommes ravis de vivre cet instant et visiblement nous ne sommes pas les seuls à revivre avec ce beau temps..

Nous voyons maintenant parfaitement les contours de la baie et le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle n'est pas bien grande. Or dans ce petit espace, nous trouvons : un port industriel, des navires de croisières, des cargos, des hélicoptères, des hydravions qui décollent et attérissent trois par trois,  des porte-conteneurs, des grues et des engins qui déchargent ceux-ci, des trains immenses qui s'apprêtent à traverser tout le pays d'Ouest en Est, des camions, des bus, des embouteillages de voitures... et une nuée de bateaux à moteurs qui n'attend que les beaux jours pour se méler au chaos. 

J'avais lu que le maire avait pour ambition de faire de Vancouver la ville la plus verte du monde en 2020. Cela ne devrait pas être très compliqué compte-tenu de la nature extraordinaire qui entoure celle-ci. Pour notre part, nous quittons cette ville un peu sourds et un peu asphyxiés... mais nous ne sommes qu'en 2019 !

Nous retrouvons le CC devant son stade et prenons la direction de Tsawwassen où nous allons passer notre dernière nuit canadienne. Sur l'autoroute j'aperçois par la fenêtre le mont Rainier enneigé, demain nous entrons aux Etats-Unis...

Ce soir nous sommes sur une presqu'île, et curieusement l'extrémité de celle-ci, Point Roberts, appartient aux USA. La raison est la suivante : la frontière USA-Canada a été définie en suivant le 49ème parallèle, or celui-ci coupait une petite partie de ce territoire...

Nous avons parcouru 36 km ce jour, 15 443 km depuis notre arrivée à Halifax.