Tenerife

jeudi 25 mars 2021 - J71

Voici un an, jour pour jour, nous quittions le Mexique en abandonnant notre petite cellule sur un camping de Cancun... 

Notre ferry quitte le port de Santa Cruz à 4h00. A l'approche de la Semaine Sainte, de nouvelles restrictions sont entrées en vigueur sur les îles, Tenerife et Gran Canaria sont repassées en alerte 3. Cela ne change rien pour nous qui sommes en transit vers notre port de retour pour la péninsule, mais les îliens, eux, ne peuvent pas se rendre sur une autre île durant cette semaine de vacances. 

Tenerife est l'ïle la plus visitée, la plus grande et la plus peuplée de l'archipel. Son point culminant, qui est aussi celui de l'Espagne, est le Teide, à 3 718m d'altitude. La plus grande ville de l'île est Santa Cruz de Tenerife avec 210 000 habitants. Celle-ci est co-capitale de la communauté autonome des Îles Canaries avec Las Palmas de Gran Canaria. En revanche, c'est cette dernière, avec 380 000 habitants, qui est la ville la plus importante de l'archipel. 

Avec une escale à La Palma, cette traversée dure quatre heures et ce n'est donc qu'à 8h00 que nous retrouvons Tenerife et le port de Los Cristianos. Nous retournons déjeuner au calme sur le parking que nous avions trouvé à la sortie de Los Cristianos. Nous partons ensuite faire quelques courses, nos pleins et vidange à la station BP d'Adeje, et prenons la direction de Vilaflor.

Nous arrivons à Vilaflor et allons nous installer sur le grand parking au-dessus du village. La journée a été longue, priorité au repos car il faudra être en forme demain pour monter au Teide. 

Nous avons parcouru 41km ce jour, 6 102km depuis notre départ.

vendredi 26 mars 2021 - J72 

Situé à 1 466m d'altitude, Vilaflor est un village de montagne, et la fraîcheur de la nuit nous le confirme... Cependant, le soleil brille ce matin et celui-ci réchauffe rapidement notre petite cellule. 

Vilaflor se trouve à 15km du parc national du Teide, sur la route du sud par la TF-21. Nous avons réservé la benne de 11h15, nous nous mettons en route vers 8h00 afin de rejoindre tranquillement le pied du téléphérique à 2 356m d'altitude. Nous sortons du village et entrons dans une forêt de pins. Les lacets s'enchaînent sans difficulté, puis nous arrivons à la Zona Recreativa Las Lajas, une très grande aire de pique-nique aménagée sous les pins. Ici aussi, l'accès aux installations est interdit en raison de l'épidémie...  

La forêt cède peu à peu la place à un univers minéral, puis volcanique. Nous arrivons à  Boca de Tauce, l'intersection des routes TF-21 et TF-38. Le Pico del Teide, que nous apercevions furtivement de temps à autre jusqu'à présent, est maintenant droit devant nous, au-dessus d'un immense champ de lave. Nous sommes arrivés dans le cratère du volcan, une immense caldera de 17km de diamètre. Nous poursuivons en direction du téléphérique, la route traverse des paysages désertiques hérissés de formations rocheuses aux couleurs variées allant du chocolat au vert. Avec ce magnifique ciel bleu, nous avons la sensation d'être revenus dans l'Ouest américain...
Nous nous arrêtons aux différents points de vue puis arrivons au point d'information touristique de Cañada Blanca. Nous jetons un coup d'oeil à los Roques de Garcia, certainement la formation la plus photographiée du parc, et filons vers le téléphérique.
il est 10h45, il y a déjà beaucoup de monde sur le parking. Nous enfilons nos vêtements d'hiver et tandis qu'Isa prépare notre casse-croûte, je me présente aux caisses... L'annonce de la caissière est aussi brutale qu'inattendue : la remontée est fermée jusqu'à dimanche en raison du vent en haute altitude. Pour le remboursement ou une éventuelle autre réservation, voir sur internet !
Nous avons soudain très chaud avec nos pantalons et nos anoraks... Je suis la procédure pour obtenir le remboursement des 78 euros de la montée, tout en me remémorant les anecdotes que j'ai lues la veille sur Tripadvisor. Quelques visiteurs racontaient avoir dû redescendre à pied après que le téléphérique ait été fermé sans préavis... J'y ai trouvé globalement beaucoup d'avis mitigés qualifiant cette sortie d'aléatoire et d'onéreuse. On se console comme on peut...

Depuis que nous sommes arrivés à Gran Canaria, nous avons eu l'opportunité d'apercevoir régulièrement le Teide au-dessus des nuages, et j'avais le mauvais présage que nous n'aurions peut-être pas cette chance le jour où nous allions vouloir y monter... C'est d'autant plus rageant, qu'aujourd'hui, le ciel est magnifique! Nous avons tout notre temps maintenant, nous revenons admirer l'extraordinaire paysage autour de los Roques de Garcia avec le Teide en arrière, plan puis redescendons pique-niquer sur l'aire de las Lajas.

Nous choisissons de redescendre par la TF-38. Nous remontons à Boca de Tauce puis traversons un vaste champ de lave jusqu'au point de vue las Narices del Teide. Au-dessus d'une forêt de pins clairsemée, nous apercevons les fameuses narines sur les flancs du Pico Viejo, d'où jaillirent les dernières coulées de lave du volcan en 1798. 

La route nous mène aux portes de Puerto de Santiago. Malgré la distance, nous décidons de retourner passer la nuit à Vilaflor où nous allons retrouver, certes un peu de fraîcheur, mais surtout une incroyable tranquilité.  

Nous avons parcouru 150km ce jour, 6 252km depuis notre départ.


samedi 27 mars 2021 - J73

Le parking se situe un peu au-dessus du village, à deux pas de la Parroquia San Pedro Apostol et du Sanctuaire Santo Hermano Pedro, tous deux datant du XVIIè siècle. Il est un peu fréquenté en journée, mais il se libère totalement en début de soirée. De plus, comme il est entouré d'un mur, nous sommes bien abrités du vent.

Mais si nous sommes revenus à Vilaflor, c'est aussi pour faire une randonnée, qui à priori mérite le détour, car elle permet de découvrir une des merveilles géologiques de l'île, le site El Paisaje Lunar. Un sentier en boucle de 14 km et 700m de dénivellé part du village et conduit au pied de la montaña Bermeja. Nous contournons le village par le bas puis arrivons sur le GR 131. Curieusement, sur quelques passages, le chemin est très large et bordé de hauts murets de pierres alors que la pente et la présence de grosses roches le rende non carrossable.

Après ce passage pénible, le sentier devient beaucoup plus agréable en pénétrant dans une forêt de pins. Nous montons encore et arrivons sur la Pista Madre del Agua. La boucle démarre seulement ici et beaucoup de marcheurs ont préféré rejoindre ce point en voiture.

Le chemin traverse enfin un premier paysage de roches colorées d'ocre et de blanc. C'est assez joli, mais il faut se dépêcher de prendre quelques photos car la brume arrive très vite et masque rapidement le soleil.

Le sentier monte encore un peu jusqu'à atteindre la côte 1883m, puis redescend vers la vallée. Encore quelques mètres et nous allons arriver au Paisaje Lunar pour lequel nous avons fait tous ces efforts.  

Les formations rocheuses blanches nous apparaissent entre les pins au fond d'un ravin. Pour protéger les monticules, la zone est interdite d'accès et nous devons nous contenter de les observer depuis un point de vue sur le chemin. Nous poursuivons la descente en restant sur notre faim, au propre comme au figuré. Nous nous arrêtons pour pique-niquer dans une petite clairière puis retrouvons le chemin de l'aller. 

Nous retrouvons Vilaflor, tout de même contents de notre journée malgré cette légère désillusion. 


dimanche 28 mars 2021 - J74

Troisième nuit bien calme à Vilaflor. Ce matin le temps est venu de quitter la montagne pour aller refaire une petite lessive. Nous retournons à Adeje, à la laverie indiquée sur P4N. Celle-ci se situe en centre ville et nous éprouvons bien des difficultés pour nous stationner... 

Nous déjeunons rapidement près de celle-ci puis partons à la recherche d'une pharmacie où je pourrais éventuellement trouver mon traitement pour lequel je risque d'arriver à court à force de reporter notre retour en France. Google m'en indique une, à priori ouverte le dimanche après-midi, dans le très chic Centro Comercial Paza del Duque à Costa Adeje...

Bien qu'une prescription soit nécessaire, le pharmacien me délivre mon médicament sans aucune difficulté et me propose même de revenir si besoin. Le tarif de la boîte est à la hauteur du  service, presque dix fois le prix habituel.

Nous reprenons la route en direction du Parque rural Teno. Nous passons, sans nous arrêter, Puerto de Santiago, puis Santiago de Teide et continuons vers Garachico par El Tanque, en prenant bien soin d'éviter la route de montagne traversant le village de Masca.

Nous laissons la TF-8 pour plonger sur Garachico.  Malgré un temps très couvert, nous découvrons le village par le dessus, comme si nous devions y atterrir en avion. Il y a beaucoup de monde dans les rues en ce dimanche soir, nous trouvons néanmoins à nous garer sur un gand parking près du centre où nous rejoignons quelques camping-cars.

Nous avons parcouru 93km ce jour, 6 345km depuis notre départ.


lundi 29 mars 2021 - J75

Le grand parking où nous venons de passer la nuit est en fait l'ancien terrain de foot du Real Club Deportivo de Garachico, fondé en 1912 et la plus ancienne équipe de l'archipel. Ce terrain a récemment été converti en parking et toutes les installations sont encore bien visibles, notamment les projecteurs, les bancs de touche et les vestiaires.

Les ouvriers municipaux s'activent déjà depuis un bon moment lorsque je sors de la cellule. Ils apportent des barrières, qu'ils installent à mesure du déplacement des véhicules, pour créer une zone spécifiquement réservée aux camping-cars en vue des arrivées attendues pour cette Semana Santa. Je suis les directives et allons nous installer à l'endroit indiqué, puis partons visiter la ville.

Nous dégustons des churros con chocolate au soleii puis partons à la découverte de la ville. Après la conquête de l'île, Garachico devint le centre économique de Tenerife et son principal port. L'éruption du volcan Trevejo en 1706 provoqua des coulées de lave qui ensevelirent l'ancien port et détruisirent le village. Quelques parties des édifices datant du XVI et XVII siècles survécurent, furent restaurés et conservés jusqu'à nos jours. En revanche, durant cette période, d'autres villes se développèrent au détriment de Garachico qui ne retrouva jamais l'attractivité perdue. 

La ville n'est pas bien grande et se résume presque en quelques ruelles autour de la Plaza de la Libertad. Sur cette place, se dresse le très beau couvent de San Francisco, ainsi que la Casa de Piedra, l'ancien palais des Comtes de la Gomera, dont seule la façade fût épargnée par la coulée de lave.

Le front de mer est occupé par des piscines naturelles amenagées entre des rochers, El Caletón. En raison de l'épidémie, celles-ci sont fermées. La Semaine Sainte démarre doucement, Garachico est encore bien paisible et nous en profitons.


mardi 30 mars 2021 - J76

Nous ne pouvons pas quitter cette partie de l'île sans aller voir le Parque rural de Teno et découvrir le village de Masca. En revanche, je commence sérieusement à être saturé de la conduite sur les routes de montagne et, pour ce que j'ai pu en lire, la TF-436 est loin d'être une partie de plaisir.  

Nous nous renseignons sur les horaires de bus et partons pour Buenavista del Norte, la dernière localité de la côte avant le parc. 

Nous laissons la voiture près de la gare routière et prenons le guagua de 12h00, Titsa linea 355. Le trajet dure une trentaine de minutes et l'aller-retour coûte 4,50 euros par personne. La route grimpe tranquillement jusqu'au hameau d'EL Palmar. Au-dessus des maisons, nous apercevons un paysage étrange : un cône volcanique a été exploité pour en extraire du picon, cette poussière de lave utilisée pour maintenir l'humidité des sols cultivés, et trois énormes tranches ont été découpées sur ses flancs.

La route grimpe encore et devient plus sinueuse et plus étroite. Bien qu'il n'y ait pas beaucoup de circulation, lorsque vient le moment de croiser un bus, je ne regrette absolument pas d'avoir cédé le volant... 

Nous arrivons à Masca. Nous descendons du bus et découvrons le ravin et les maisonnettes du hameau, alignées sur une crête de montagne. C'est très beau. En regardant d'un peu plus près, nous en voyons d'autres, cachées au milieu des cactus et des palmiers. Nous parcourons les quelques ruelles de pierres, l'accès à la randonnée dans le barranco de Masca est interdite suite à des éboulements. Nous sommes tout en bas du hameau et en avons presque terminé avec la visite, lorsque j'aperçois notre bus déjà de retour de Santiago del Teide. Ne pas le prendre signifierait d'attendre 1h30, sans réfléchir nous lançons toutes nos forces et rejoignons à temps l'arrêt de bus... Enfin nous pouvons souffler !

Nous retrouvons Buenavista et notre cellule. Nous roulons jusqu'au petit parking pour camping-cars en bord d'océan près de la Punta Morro del Diablo.

Nous avons parcouru 17km ce jour, 6 362km depuis notre départ. 


mercredi 31 mars 2021 - J77

Nuit bien tranquille sur ce petit parking pouvant accueillir neuf camping-cars. En France, ce matin les chaînes d'info sont en édition spéciale, le président Macron doit s'exprimer ce soir et cela ne sent pas bon. Le troisième confinement qui nous guettait déjà lorsque nous sommes partis le 15 janvier, semble maintenant inexorable...

Sur la mer, le ciel est noir. Nous avons un magnifique arc-en-ciel au-dessus de la tête mais la pluie fonce droit sur nous. Nous baissons vite le toit et quittons les lieux.

Nous nous arrêtons à la station service Cepsa de La Caleta pour faire nos pleins et vidange et prenons la direction de La Orotava qui, avec Garachico et La Laguna, est une ancienne ville coloniale de Tenerife .

Le ciel est toujours aussi gris, nous gagnons le centre ancien entre les gouttes et allons nous installer à l'une des tables du restaurant Casa Lercaro. Il faut préciser qu'aujourd'hui est une journée bien particulière puisque nous fêtons l'anniversaire d'isa...

Ce restaurant est installé dans un palais datant de 1651. Sa cour intérieure dominant le jardin, la ville et la mer sert de terrasse, mais nous préférons choisir une table dans une véranda, à l'abri du vent. Comme il se doit, nous terminons notre repas en dégustant un barraquito, une des spécialités de l'île. Il s'agit d'une boisson chaude composée d' éléments superposés qui ne doivent pas se mélanger. On dépose d’abord du lait concentré au fond du verre. Puis on verse délicatement une ou deux cuillères de Licor 43. Ensuite on fait couler doucement l'expresso sur le dos d´une cuillère, toujours pour que les couches ne se mêlent pas. Enfin, on verse de la mousse de lait. Pour la décoration, on ajoute sur la mousse une pincée de cannelle et un zeste de citron... Isa adore, personnellement je trouve l'ensemble trop sucré.

Le beau temps fait son retour durant le repas et lorsque nous quittons la salle, la terrasse baignée de soleil est pleine de clients.

La Orotava est la commune la plus étendue de l'île et près de 80% du parc national du Teide en font partie. Du reste, sans les nuages, nous devrions voir ce dernier au-dessus des toits de la ville. Nous passons devant l'hôtel de Ville et prenons un peu de hauteur en grimpant vers les jardins Victoria del Marquesado de la Quinta Roja. De la terrasse supérieure, nous découvrons un très beau panorama sur la ville.

Nous redescendons vers la place de la Constitution et arrivons devant Liceo de Taoro. Cette belle demeure, datant de 1928, appartient à une association qui a créé une caféteriat au rez-de-chaussée de celle-ci pour en assurer l'entretien. Nous traversons le parc pour aller nous installer sur sa terrasse, celui-ci est de toute beauté, orné notamment de vieux dragonniers des Canaries. 

Le soleil nous accompagne maintenant lorsque nous retrouvons la Plaza de la Constitucion. Cette jolie place, tout en longueur et agrémentée d'un kiosque à musique, domine elle-aussi une partie de la ville. Un angle de celle-ci est occupé par une église,  l'iglesia San Agustin et son joli campanile.

En chemin vers la voiture, nous passons une nouvelle fois devant la très belle Casa de los Balcones. La visite de La Orotava nous a permis de voir de belles demeures et de beaux jardins, en revanche l'ensemble nous est apparu assez désordonné, sentiment sans doute lié à l'absence d'un secteur piétonnier. 

Nous reprenons la route et rejoignons La plage de las Teresitas, au nord de Santa Cruz de Tenerife.

Nous avons parcouru 91km ce jour, 6 463km depuis notre départ.


jeudi 1er Avril 2021 - J78

Le Président a parlé, la France se confine à nouveau pour quatre semaines. Une nouvelle restriction de déplacement est instaurée, cette fois la limite sera de 10km du domicile... Après réflexion, nous renonçons à re-décaler notre traversée retour et envisageons plutôt de rester en Andalousie en attendant le 3 mai.

Premier jour du long week-end de Pâques. En Espagne, le Jeudi et le Vendredi Saints sont fériés mais le Lundi de Pâques est travaillé. 

La plage de Las Teresitas, où nous sommes installés, est la plage emblématique de Tenerife. Elle se situe à la sortie du village de San Andrés, à 8km au nord-est de la capitale Santa Cruz. 

C'est une plage artificielle aménagée dans les années 70. Une digue d'un kilomètre de long a été construite pour la protéger des vagues, du sable du Sahara a été rapporté et de nombreux palmiers ont été plantés. Au final, cette très belle plage familiale mesure 1300m de long pour 80m de large. Des parkings ont également été aménagés le long de celle-ci et à espaces réguliers, des bars, des sanitaires et des douches ont été installés. A l'arrière, l'espace entre les stationnements et la falaise est resté naturel et accessible et c'est là que nous campons, comme des dizaines d'autres camping-cars pour ce long week-end. Ce secteur attise les convoitises des promoteurs et les projets immobiliers se sont succédés depuis 70 ans. Jusqu'à présent, ceux-ci se sont toujours heurtés à la résistance des habitants. Un site internet très intéressant retrace cette histoire planetacanario.com/la-playa-de-las-teresitas

Le dernier programme en date est l'oeuvre du français Dominique Perrault, l'architecte de la BNF à Paris. Celui-ci a été abandonné, comme le furent les précédents, en 2017. C'est la raison pour laquelle les camping-cars peuvent toujours profiter de cette belle plage...

Hormis le bruit des générateurs des bars, cette première nuit a été calme et le couvre-feu à 23h00 bien respecté. En revanche, ce matin les tracteurs nettoient la plage, les camions poubelles et ceux de livraison vont et viennent, et les sportifs sont déjà en action depuis le lever du jour...

Nous passons la matinée à marcher sur la plage et à nous baigner. Les parkings se remplissent rapidement, les mesures de protection contre la covid sont toujours aussi surprenantes : les gens arrivent parfois seuls et masqués dans leur voiture, puis tombent le masque et se regroupent durant des heures une fois sur le sable...  

En fin d'après-midi, nous décidons d'aller faire quelques courses à Santa Cruz et de visiter son célèbre auditorium que nous avons aperçu en arrivant à Tenerife.  

L'auditorium de Tenerife a été inauguré en 2003. C'est l'oeuvre de l'architecte Calatrava Valls dont nous connaissons déjà plusieurs réalisations, la Cité des Arts et des Sciences à Valencia,  la gare de l'Orient à Lisbonne, ou encore la nouvelle station de métro du WTC de New-York. L'architecture est audacieuse mais le moins que l'on puisse dire est, qu'ici aussi, les volumes ne sont pas optimisés et les coûts d'entretien totalement ignorés... L'intérieur du bâtiment ne se visite pas en cette période, nous restons sur le parvis. 

En contrebas de celui-ci, nous remarquons que des visages d'artistes célèbres ont été peints sur les blocs servant de digue. Il y en a des centaines et tous les styles sont representés, de Chuck Berry à Beethoven, en passant par Lemmy de Motörhead... 

Retour à Las Teresitas. Nous avons parcouru 35km ce jour, 6 488km depuis notre départ. 


vendredi 2 Avril 2021 - J79

Pour nous couper du bruit de la plage, nous décidons en milieu d'après-midi d'aller faire un tour vers la pointe nord-est de l'île occupée par le Parque Rural Anagua. Nous revenons à San Andrés et prenons la route de montagne en direction de Taganana. 

La température baisse à mesure que nous prenons de l'altitude, jusqu'à descendre à 10°c vers 1000m. Nous retrouvons la fameuse laurisylve, cette forêt humide que nous avons déjà vue sur La Gomera et regrettons déjà la douceur du bord de mer. Nous retrouvons le soleil en basculant sur la côte nord et en plongeant littéralement vers Tananaga. Nous continuons vers Playa El Roque, il y a énormément de monde, voitures, camping-cars, vans et fourgons occupent le moindre espace accessible. Nous faisons demi-tour.

Nous revenons à Las Teresitas par la Laguna et Santa Cruz, la route est longue, étroite et sinueuse. De plus, tous les îliens sont en week-end, ce n'était vraiment pas le jour pour effectuer cette sortie !

Nous avons parcouru 80km ce jour, 6 568km depuis notre départ.


samedi 3 Avril 2021 - J80

Nouvelle nuit sur cette grande plage.  

Aujourd'hui nous retournons à Santa Cruz pour visiter la ville. Je n'attends pas grand-chose de celle-ci, si ce n'est de voir le TEA, Tenerife Espacio de las Artes, un musée d'art contemporain ouvert en 2008, dessiné par le célèbre cabinet d'architecture suisse, Herzog et de Meuron.

Nous débutons notre visite en remontant une grande rue piétonne et commerçante de la ville et nous sommes tout surpris de constater que celle-ci est déserte et que tous les commerces sont fermés en ce samedi. Cette situation doit être bien rare car de nombreux panneaux et des signaux lumineux rappellent aux piétons qu'ils doivent marcher sur le côté droit et respecter le sens de circulation !

Nous parcourons quelques rues puis franchissons le pont Serrador, nous arrivons devant le TEA. 

Autant l'auditorium est lumineux, élancé, et en courbure, autant ce bâtiment est sombre, démesurément long, bas et cubique... j'imagine que les architectes ont voulu créer une oeuvre aux antipodes de celle de leur confrère. En ce sens, le pari est réussi mais c'est très loin d'être leur plus beau projet...

Le mercado Nuestra Senora de Africa, un incontournable de Santa Cruz, est fermé, nous continuons notre chemin vers l'église Nuestra Senora de la Concepcion puis arrivons sur la Plaza de Espana. Nous retrouvons un peu d'animation autour du bassin de cette place.

Notre balade s'achève sans que nous ayons eu le moindre coup de coeur pour cette ville moderne. L'animation de ses terrasses et de ses commerces doit en faire son attractivité, mais pour nous c'est raté. Nous reportons nos derniers espoirs sur La Laguna, la troisième ville coloniale que nous devons encore découvrir sur Tenerife.

Nous avons parcouru 17km ce jour,  6 585km depuis notre départ.


dimanche 4 avril 2021 - J81

Nos dernières sorties nous ont fait comprendre qu'il valait mieux attendre la fin du week-end de Pâques pour reprendre la route. Nous restons donc sur la plage. 

La plupart des camping-cars quittent les lieux en début de matinée et nous sommes presque les seuls en fin de soirée.


Lundi 5 avril 2021 - J82

La foule du week-end a disparu et le soleil en a fait de même. Il fait gris ce matin, nous décidons de repartir sur la côte nord pour aller visiter Puerto de la Cruz. 

Puerto de la Cruz fut la première station balnéaire de l'île et elle se développa au tourisme dès le début du XXème siècle. Parmi les aménagements entrepris, le projet de l'architecte César Manrique apporta un attraît unique à la ville. Il créa en effet un ensemble aquatique, le Lago Martianez, composé de huit piscines, entourées de terrasses et de palmiers, sur cette partie de côte où les plages étaient jusqu'alors dangereuses et inaccessibles aux familles. Nous visitons la ville et apercevons les fameuses piscines. Celles-ci sont fermées, nous allons nous consoler dans une churreria puis reprenons la route.

Nous retournons faire nos pleins et vidange à la station de La Caleta, puis regagnons le parking pour camping-cars de Buenavista. 

Nous avons parcouru 105km ce jour, 6 690km depuis notre départ.


mardi 6 avril 2021 - J83

Contrairement à la fois précédente, il fait très beau ce matin à Buenavista del Norte et nous allons en profiter pour retourner vers le Teide.

L'objectif de la journée est de monter vers le volcan par la route TF-21 et de redescendre par la TF-24 à La Laguna. Nous passons La Orotava et entrons dans le parc naturel de la Corona Forestal. Ce parc est le plus vaste de l'archipel, il protège toute la bande boisée autour du Teide, à une altitude comprise entre 800 et 1600m.

Le temps est bien dégagé et nous avons en permanence le sommet en pointe de mire. En chemin, nous faisons un arrêt pour admirer une curieuse formation rocheuse ayant l'apparence d'une rose, la Rosa de Piedra.

Nous arrivons à l'intersection d'El Portillo, nous laissons la TF-24 pour le retour et continuons en direction du téléphérique. Nous entrons dans Las Cañadas del Teide,  l'immense cratère du volcan. Nous découvrons un autre paysage que celui que nous avions vu près des Roques de Garcia, tout aussi extraordinaire...

Nous faisons demi-tour au pied du téléphérique et redescendons par la route dorsale en direction de La Laguna. Nous passons El Portillo et entamons la descente. En dessous de nous, nous apercevons distinctement les pins de la Corona Forestal et la côte.

Une forme étrange de couleur sombre attire notre attention un peu plus bas sur la route que nous suivons, nous arrivons au mirador de la Tarta. Une épingle à cheveu de la TF-24 pénètre dans une gorge aux parois formées de couches géologiques succéssives, de basalte et de pierre ponce. A peine entrés que nous en ressortons déjà, le site n'est pas grand mais inattendu et unique...

Nous entrons dans la forêt de pins. Nous laissons la route principale et suivons la direction du mirador de Chimague, puis celui de Chipeque. Le parking de ce dernier, en balcon sur l'océan, est peu fréquenté, nous décidons d'y déjeuner malgré la petite fraîcheur ambiante.

Nous revenons sur la TF-24 et entrons dans la brume. Soudain, notre environnement s'illumine lorsque nous arrivons dans un magnifique champ de pavots de Californie.

Nous quittons cette route pour la petite TF-523 en direction de Güimar, puis rejoignons le bord de mer. Sur place, les bivouacs de P4N d'El Puerto de Güimar ne nous enchantent pas, nous remontons la côte vers le nord et allons nous installer sur la playa de la Entrada à El Socorro.  

Nous avons parcouru 152km ce jour, 6 842km depuis notre départ. 


mercredi 7 avril 2021 - J84

La plage où nous avons passé la nuit se situe au bord du Malpais de Güimar, le champ de lave du volcan Güimar, classé réserve naturelle. Il s'étend sur 300ha et le cône de la Montaña Grande en est le point le plus élevé avec 257m.

Du parking de la plage partent quelques sentiers, nous décidons de faire une petite randonnée dans ce paysage volcanique avant de partir visiter La Laguna. Nous suivons la côte, puis bifurquons en direction du volcan. Les premières euphorbes apparaissent, cette balade nous rappelle Lanzarote et le début de notre séjour, c'est bien agréable ...

Nous longeons le pied du volcan, puis continuons vers le sud en direction d'El Puerto de Güimar. Nous arrivons aux premières constructions de celui-ci, à l'extrémité du champ de lave. Notre chemin du retour passe devant le puertito, le minuscule vieux port de pêcheurs, puis revient à El Socorro. Cette petite boucle nous aura pris deux heures.   

Nous déjeunons encore sur la plage de la Entrada, puis partons pour La Laguna. 

Nous y arrivons vers 15h00, l'heure idéale pour trouver à nous garer près de la station de bus à deux pas du quartier historique de la ville.

La Laguna compte 150 000 habitants. Elle jouxte Santa Cruz et est reliée à elle par la première ligne du tramway. Elle fut fondée en 1496 et conserva le statut de centre économique et politique de l'île jusqu'en 1822. Le centre historique est composé de trois rues parallèles, la calle San Agustin, la calle Herradores et la calle Obispo Rey Redondo. Elle servit de modèle à la construction de La Havane, mais il faut bien avouer que cela ne nous a pas sauté au yeux... Nous parcourons chacune des rues à la recherche des belles demeures répertoriées dans le guide, sans voir de véritable coup de coeur. Si nous devions retenir une seule ville de l'archipel, ce serait sans hésitation la belle Santa Cruz de la Palma. Nous retournons à las Teresitas.

Nous avons parcouru 60km ce jour, 6 902km depuis notre départ.


jeudi 8 avril 2021 - J85

Nuit tranquille. La route qui mène à las Teresitas se poursuit sur quelques kilomètres et aboutit à un petit village au creux d'un barranco étroit, Igueste de San Andrés. Nous partons vers celui-ci, nous prenons rapidement de la hauteur et découvrons un paysage de carte postale. 

Certes la côte n'a plus rien de naturel, mais on peut tout de même rendre grâce aux habitants d'avoir, jusqu'à présent, su modérer les ardeurs des promoteurs... 

Nous apercevons quelques plages de graviers en contrebas de la route. Au large, six bateaux de croisière sont au mouillage depuis des mois et attendent le retour des touristes.

Nous arrivons au village de Igueste de San Andrés. La route est très étroite et les possibilités de stationnement sont quasiment inexistantes, nous revenons sur nos pas.

Nous avons parcouru 51km ce jour, 6 953km depuis notre départ.


Vendredi 9 avril 2021 - J86

Dernière journée à Ténérife, ce soir nous serons sur le Ciudad de Valencia en partance pour Cadiz...

Nous retournons nous baigner, l'eau est délicieuse ce matin. Nous quittons le parking de la plage pour aller nous garer le long du barranco de las Huertas, au pied du village de San Andrés et de ses maisons colorées.  

Nous sommes installés sur un tronçon d'avenue à 2x2 voies, d'à peine 200m de long. L'entrée se fait depuis la route principale par un passage étroit d'où rien ne laisse supposer la présence de cette rue. Celle-ci devait donner accès au dernier projet immobilier de la plage, abandonné en 2017. Il n'y a aucune circulation et nous y sommes au calme. Au milieu du barranco se dresse un bâtiment récent, dessiné par l'architecte Dominique Perrault. Il s'agit d'un cube de verre et d'acier Corten, dissimulé derrière une résille en inox. Ce bâtiment public parait abandonné et se dégrade très rapidement. La maille métallique commence à rouiller, dire que celle-ci devait envelopper tout le projet immobilier... 

Nous restons là jusqu'en fin d'après-midi puis rejoignons le port. La lumière est très belle ce soir, les montagnes au-dessus de Santa Cruz nous évoquent les Iles Feroe... 23heures, nous embarquons et prenons possession de notre cabine.  1h30, nous larguons les amarres, nous voici partis pour 56 heures de traversée.

Nous avons parcouru 18km ce jour, 6 971km depuis notre départ.