Région de Mexico


Mardi 14 janvier 2020 - J196

Nous quittons Morelia et, après avoir enchaîné des villes durant plus de deux semaines, nous partons pour la campagne, et plus exactement la montagne, à la recherche des papillons monarques.

Chaque année, 100 à 200 millions de ces papillons orange et noirs migrent du Canada et du Nord-Est des Etats-Unis vers cette région du Mexique. Ils arrivent courant novembre, pour se reproduire en février, et repartent à la fin du mois de mars. Les raisons de cette migration annuelle de plus de 4000km reste encore aujourd'hui une énigme pour les scientifiques.

La réserve de la biosphère des papillons monarques se situe à 3 200m d'altitude, à cheval sur l'état de Michoacan et sur celui de Mexico. Elle a été classée au Patrimoine mondial de l'Unesco en 2008 et se répartit en cinq zones forestières dont deux seulement sont ouvertes au public : celle d'El Rosario et celle de la Sierra Chincua au dessus du village d'Angangueo. Nous choisissons cette dernière, car un bureau d'information se trouve dans le village.

La traversée de ce village de montagne est assez délicate en camping-car et le bureau est fermé depuis quelques années. Nous poursuivons la route en direction de la Sierra Chincua. Nous quittons la route 3 pour une piste en terre, plusieurs guides nous proposent leurs services à l'embranchement, nous refusons poliment et continuons. Nous passons devant la guérite pour le paiement du stationnement, celui-ci coûte 40 pesos. Nous en profitons pour demander s'il est possible de passer la nuit dans le parc, le gardien nous confirme que nous pouvons camper et que la zone est sécurisée.

Nous arrivons au centre d'accueil du site. Il est 15h00, tous les touristes sont partis et les jeunes guides jouent au foot en attendant les derniers éventuels clients. Je suis admiratif car ce n'est pas anodin à plus de 3000m... Nous achetons nos entrées et partons à pied avec un des guides.

Le sentier démarre assez brutalement et notre accompagnateur à le pas soutenu. Ce premier raidillon est une façon de nous tester car en haut de la côte, plusieurs dizaines de chevaux nous attendent et sont prêts à nous emmener si cela était nécessaire. 

La montée n'est pas si terrible que çà et le chemin devient presque plat en pénétrant dans la forêt de sapins. A noter que les chevaux s'arrêtent à l'entrée de celle-ci et qu'il aurait fallu de toute manière continuer à pied. Nous marchons mais ne voyons toujours aucun papillon. Nous approchons d'une clairière, deux papillons apparaissent, puis soudain ce sont des miliers que nous avons tout autour de nous...   

La clairière se trouve au bord d'une forêt de conifères. L'accès à celle-ci est interdit par quelques piquets et un ruban, mais nous distinguons nettement des grappes de papillons accrochées aux troncs. Nous restons une vingtaine de minutes à observer en silence ce spectacle hors du commun. Malgré la protection dont elle bénéficie, cette espèce est gravement menacée, d'une part par l'exploitation illégale du bois et la déforestation, et d'autre part par l'utilisation d'herbicides qui contribue à la disparition de l'asclépiade, la plante qui est l'unique source de nourriture des chenilles monarques.

Nous revenons au camping-car et redescendons nous installer pour la nuit près de la guérite à l'entrée du parking.

Nous avons parcouru 172km ce jour, 34 598km depuis notre arrivée à Halifax.     


mercredi 15 janvier 2020 - J197

La nuit n'a pas été très calme et plusieurs chiens ont aboyé une bonne partie de la nuit. 

Quelques jours après notre passage : le 29 janvier 2020, Homero Gomez Gonzalez, l'homme qui avait crée et dirigeait la réserve d'El Rosario, disparu depuis le 13 janvier, est retrouvé assassiné. Le corps de Raul Hernandez, un guide de la réserve, est retrouvé deux jours plus tard près d'Ocampo à 8km... 

Nous quittons la montagne en direction de Mexico et passons rapidement de 3 200m à 2 000m. La route serpente dans la forêt, puis nous arrivons au village de Tlalpujahua. Un mexicain que nous avions rencontré à Morelia nous avait conseillé de nous y arrêter, tout en nous mettant en garde sur les traficants de tous genres qui sévissent dans la région... Je préfère ne pas m'arrêtrer et rejoindre au plus vite Tepotzotlan, notre prochaine étape.

Nous retrouvons l'autoroute une fois passé la ville d'Atlacomulco, et prenons la direction du Pepe's RV Park au centre de Tepotzotlan. La porte du camping est ouverte, mais mis à part quelques camping-cars laissés en storage, celui-ci est vide. Un employé apparaît, nous lui réglons 300 pesos (15€) pour un emplacement tout confort et allons nous installer. Le camping est impeccable, seule ombre au tableau, les douches sont glacées, nous les prendrons donc "à la maison"...

Tepotzotlan est une ville de 70 000 habitants située au nord de Mexico. La ville n'est pas extraordinaire mais nous faisons étape ici pour visiter le Museo Nacional del Virreinato, le musée national de la Vice-Royauté. Celui-ci est installé dans l'ancien collège jésuite qui jouxte l'église Saint François-Xavier, et retrace l'histoire de la colonie de la Nouvelle Espagne.

La façade de cette église est un autre exemple du style architectural churrigueresque, le même que celui du Templo de la Compañia de Jesus que nous avons pu voir à Guanajuato.

En 1580 les Jésuites s'installèrent à Tepotzotlán et fondèrent le premier collège destiné à éduquer les enfants des nobles indiens de la région. L'église San Francisco Javier fut construite en 1670, puis le Collège fut agrandi avec la construction du cloître des Orangers, celle de la Chapelle de Loreto et du Reliquaire de San José.

A l'intérieur, les murs de l'église sont recouverts de douze retables dorés, à la décoration très chargée et parsemés d'une multitude d'anges et de personnages divers. Dans l'une des chapelles, une seconde chapelle a été édifiée, dédiée à la Vierge de Loreto, puis à l'arrière de celle-ci, nous découvrons encore une autre chapelle de forme octogonale, aux murs et à la coupole incrustés d'or.  L'ancien collège présente une succession de patios et de salles où sont exposés des peintures, des vêtements et objets religieux de l'époque coloniale, ainsi qu'une jolie chapelle, la capilla domestica.

La visite de ce musée est intéressante, mais nous lui avons préféré celle de l'église Saint François Xavier. Cette étape n'était pas indispensable, cependant l'entrée du musée n'était pas très chère, 80 pesos et le camping nous a permis de faire une agréable pause.

Nous avons parcouru 178km ce jour, 34 776km depuis notre arrivée à Halifax.



jeudi 16 janvier 2020 - J198

Je profite des installations du camping pour faire un nettoyage complet de la voiture et de la cellule, puis nous partons pour Teotihuacan. La distance à parcourir n'est pas très importante, mais notre GPS a le chic de nous abandonner au milieu d'une circulation urbaine assez dense. A sa décharge, la construction de plusieurs échangeurs et voies aériennes a été stoppée et laissée en l'état et il n'est pas simple de se repérer dans cette superposition de route. Il est presque 14h00 lorsque nous arrivons sur le site de Teotihuacan. Nous nous installons directement sur le parking d'un des nombreux restaurants. Ceux-ci sont numérotés, nous choisissons le 9 pour pouvoir y passer la nuit, comme indiqué sur Ioverlander.

Nous déjeunons en terrasse, puis partons à la découverte du site archéologique.

Ce site est classé au Patromoine mondial de l'Unesco depuis 1987. C'était une ville construite aux alentours de 200 ans avant JC, qui pourrait avoir compter 200 000 habitants, ce qui en faisait la plus grande ville de l'Amérique précolombienne. La cité connut son apogée vers 450 après JC, puis un déclin jusqu'à son effondrement vers l'an 750, suite à des troubles provoqués par de longues et répétées périodes de sécheresse.

Nous entrons dans le site par la porte 5, prix 80 pesos par personne. Devant nous se dresse la pyramide du Soleil, haute de 65m et de base carrée de 225m de côté, c'est la deuxième plus grand pyramide du continent. Elle comporte 5 degrés de talus, l'accès à son sommet est libre et offre une vue unique sur l'ensemble du site, d'autant qu'elle se situe dans la partie médiane de la cité. La partie sud est dans la brume et nous ne distinguons pas la Ciudadela et le templo de Quetzacoatl (serpent à plumes de Quetzal), en revanche la vue sur la Pyramide de la Lune, la Chaussée des Morts et la campagne environnante est magnifique.

Nous suivons cette large avenue et rejoignons la Pyramide de la Lune. Celle-ci est implantée dans l'axe de la Chaussée des Morts et la vue depuis la plateforme intermédiaire est tout aussi extraordinaire. Nous avons bien envie de monter plus haut, mais ici l'accès est interdit... La fermeture du site approche, nous n'avons plus le temps de visiter le musée et le temple du serpent à plumes. Les vendeurs de souvenirs rangent leurs étalages, ils sont encore nombreux le long de l'avenue à imiter le cri du jaguar pour essayer de séduire les derniers touristes. 

Nous quittons les lieux. Une fois dans la rue, je m'aperçois que j'ai pris la sortie 2 au lieu de la 5. Le site est fermé, plus question de faire demi tour, nous allons devoir contourner tout le site pour revenir au CC, soit marcher près de 3km...  

De retour devant le restaurant Comedor del Chef, nous décidons, en compensation de nos efforts, d'aller reprendre une Michelada, la boisson typiquement mexicaine à base de bière, de tomate, de citron vert et de sauce piquante, que nous avons découverte et appréciée durant le repas de midi.

Nous laissons 20 pesos au gardien du parking et restons là pour la nuit.

Nous avons parcouru 83km ce jour, 34 859km depuis notre arrivée à Halifax. 


vendredi 17 janvier 2020 - J199

Notre petite semaine à Guanajuato était très agréable, mais elle a un peu perturbé notre timing car nous devons toujours être à Cancun pour prendre notre vol retour le 29 janvier, et d'ici-là trouver un storage... Nous en tenons compte et décidons de zapper la visite de Puebla et de filer vers le Golfe du Mexique.

Nous passons néanmoins à proximité de Puebla et apercevons le fameux volcan Popocatepetl. Avec ses 5426m d'altitude, c'est la deuxième plus haute montagne du Mexique. Il est de nouveau entré en éruption voici quelques jours et les 25 millions d'habitants qui vivent dans la zone de vigilance doivent se tenir près pour une éventuelle évacuation...

Nous sommes sur l'autoroute 150D en direction de Cordoba. Les paysages de montagne sont splendides, nous quittons l'état de Puebla pour celui de Veracruz et entamons notre descente du haut plateau de Mexico à plus de 2000m vers la mer. Nous apercevons soudain dans la vallée, une impressionnante colone de camions est à l'arrêt.

Nous rejoignons ce bouchon en quelques kilomètres. Durant plus de trois heures, nous avançons en accordéon jusqu'au péage de Fortin. Notre tour vient enfin... 32 pesos. Nous venons de perdre la moitié de l'après-midi pour payer 1,57€!!!  

Nous laissons la direction Veracruz et continuons sur l'autoroute145 en direction de Villahermosa, mais la petite ville de Tlacotalpan où nous avons choisi de faire étape est encore loin.

Il est 18h00 lorsque nous sortons de l'autoroute, il nous reste une cinquantaine de kilomètres à parcourir et la nuit va bientôt tomber. Je me renseigne sur l'état de la route auprès de la dame du péage, celle-ci me met en garde sur le fait qu'actuellement c'est le ramassage de la cane à sucre...  Il ne nous faut pas longtemps pour comprendre, les convois de tracteurs se suivent roulant au pas, avec six remorques chargées à bloc... 

Nous traversons plus d'une dizaine de villages, parsemés de topes, plus ou moins signalés. Je double tant bien que mal les convois entre ces derniers, au milieu d'innombrables mobylettes et Tsuru Nissan taxi. La voiture mexicaine par excellence, low cost et très répendue , elle est fabriquée uniquement au Mexique et a obtenue la note zéro au crash-test...

Ces derniers kilomètres sont très longs. Nous arrivons enfin à Tlacotalpan, le petit parking à la sortie du village est bien au rendez-vous, une patrouille de police est en poste à côté de celui-ci. Je me renseigne auprès des policiers, pas de problème, nous pouvons bivouaquer ici.

Nous avons parcouru 475km ce jour, 35 334km depuis notre arrivée à Halifax.