Le Peten

jeudi 24 juin 2021 - J29

Nous quittons le balnéario de La Escondida un peu avant 9h00 et revenons à la frontière de La Mesilla.

La plupart des boutiques sont encore fermées et la circulation est beaucoup plus fluide que lors de notre dernière tentative. Nous passons la douane mexicaine, les trois douanières en poste nous laissent passer sans faire le moindre geste. Je m'arrête devant les cocottes guatémaltèques, un homme asperge aussitôt notre véhicule tandis que nous retournons payer cette fameuse fumigation. Nous n'avons toujours pas de quetzal, un homme me propose le change. Alors que nous avions eu 30Qtz pour 100 pesos lundi, celui-ci m'en offre 240 pour 600 aujourd'hui! C'est plus que le cours que nous avons sur notre appli, nous acceptons.

Nous nous présentons ensuite au guichet de la SAT (Superintendencia de Administracion Tributaria) pour faire le point sur les documents nécessaires à l'importation du véhicule (passeport, carte grise, permis de conduire international). Le douanier est très tatillon et respecte scrupuleusement les gestes barrières, à tel point qu'il se tient, masqué bien sûr, à 4m derrière sa vitre ce qui ne facilite pas la conversation. Il veut voir les papiers d'importation de la voiture au Mexique et sort vérifier le numéro de châssis. Enfin, il nous demande nos attestations covid, nous lui présentons nos certificats de vaccination. Ceci étant fait, le douanier nous envoie vers ses collègues pour valider notre entrée au Guatemala.   

Ceux-ci nous dirigent vers un "point covid" installé sous une tente entre les bâtiments. A l'intérieur de celle-ci, un homme et une femme nous attendent, protégés sous une bâche plastique. Ils valident nos attestations de vaccination, sans demander de test, et nous délivre un laisser-passer tamponné, établi sur un morceau de feuille volante. 

Retour à la douane. Notre entrée est validée pour 90 jours.

Retour au guichet de la SAT. Le fonctionnaire reprend minutieusement tous nos documents, fait les copies de ceux-ci et rédige le document d'importation sur son ordinateur. Avant de poursuivre la démarche, je dois aller régler à la banque de la SAT (le bureau voisin) 160Qtz soit 17,40 euros. Je suis accueilli par un homme en arme, je reprends une nouvelle fois du gel hydroalcoolique et ma température. Paiement en liquide uniquement.

Dernier retour au guichet de la SAT. Le fonctionnaire vérifie mon attestation de paiement, me présente trois documents à signer et me demande à nouveau de reprendre du gel avant de saisir les feuilles. L'entrée du véhicule est validée également pour 90 jours, je peux coller la vignette sur le pare-brise.

Ces applications très strictes des mesures covid seraient louables si ce n'était pas le laisser-aller total dans la rue, avec des gens agglutinés et des vendeurs de rue sans masque et ne respectant aucun des gestes barrière... Nous étions seuls à la douane et ces formalités auront duré près de deux heures.

Nous passons Huethuetenango et prenons la direction de Tikal par Coban. Nous suivons la route RN-7W, une route de montagne avec de rudes montées et de sévères descentes. Nous traversons plusieurs grosses agglomérations, notre moyenne est une nouvelle fois très faible. Nous nous arrêtons pour la nuit dans la cours d'une station service à la sortie de Cunen.

Nous avons parcouru 206km ce jour, 2 225km depuis notre retour à Cancun.


vendredi 25 juin 2021 - J30

L'environnement de notre première nuit au Guatemala ne fait pas rêver cependant nous y passons une nuit plutôt correcte. J'avais prévu de dormir dans un parc d'orchidées un peu avant Coban, c'était ambitieux et sans compter sur l'état des routes de cette région montagneuse. Ce matin Coban est encore à une centaine de kilomètres...

Un gros orage s'est abattu sur nous cette nuit. Plusieurs éboulements se sont poduits et les engins de chantier sont déjà à l'oeuvre pour rétablir la circulation. Quelques kilomètres à la sortie de Cunen, c'est un virage qui a été emporté par le torrent...

Cette partie du pays a beaucoup souffert du passage en 2020 de l'ouragan Eta. Les maisons en bois ont disparu et tous les habitants sont occupés à la reconstruction en dur de leur habitation. Pour autant, ils ne semblent pas pressés et soignent les travaux de maçonnerie en ajoutant nombre de colonnes torsadées et d'arcades moulurées, toutes des fioritures qui retardent d'autant la mise à l'abri des familles...  

Après encore quelques rudes montées dans les roues des tuk-tuks, nous découvrons enfin la vallée du Chixoy, marquant la limite entre les départements du Quiché et de l'Alta Verapaz. Un petit péage de 10Qzl nous attend au moment de franchir la rivière, puis nous entamons la remontée sur l'autre versant de la vallée. 

Mauvaise surprise, c'est une piste en terre de l'autre côté du pont. Notre vitesse moyenne baisse encore... Un petit groupe d'enfants nous immobilise une nouvelle fois en pleine montagne, l'un deux simulant même se coucher sous nos roues. Ils sont très, très jeunes, réclament de l'argent, à boire et à manger. Nous ne cédons pas, c'est dur, mais si nous acceptons aujourd'hui leur chantage, que feront-ils lorsqu'ils auront une machette à la main ?

Nous retrouvons l'enrobé et arrivons enfin à Coban. une grande zone commerciale se présente à l'entrée de la ville avec une immense enseigne Mac Donald. Par facilité, nous décidons de nous y arrêter, car nous sommes vendredi et nous avons beaucoup de choses à faire ici, notamment trouver une assurance, faire des courses et faire remplacer nos freins arrière...

Coban est la capitale de l'Alta Verapaz. Elle se situe à 1320m d'altitude et compte 250 000 habitants. Le centre économique de la ville est constitué de deux grandes artères parallèles. Nous nous mettons en quête de l'agence d'assurance après avoir déjeuné. Nous parcourons à plusieurs reprises ces deux rues commerçantes, en vain. Nous ne trouvons ni l'assureur, ni le supermarché que j'avais pourtant repéré sur Google Maps. En revanche, le concessionnaire de pièces détachées Isuzu est bien là, à deux pas du Mac Donald. Le Guatemala est le seul pays d'Amérique du Nord et d'Amérique Centrale à importer le pick-up de la marque, ailleurs, Isuzu ne distribue que des poids-lourds. Nous l'avions bien remarqué, car depuis notre entrée dans ce pays où le pick-up est roi, nous ne comptons plus les D Max.
Je suis très bien accueilli par le concessionnaire, il trouve immédiatement les pièces correspondantes et appelle un garagiste voisin pour me chiffrer les travaux. Une heure plus tard, les machoires de freins arrière sont remplacées et nous pouvons reprendre la route. 100 euros de pièces et 16 euros de main d'oeuvre, il n'y avait pas une urgence réelle, mais avec le poids de notre ensemble et les routes que nous empruntons, avoir de bons freins ne peut pas être un mauvais investissement...
Nous quittons Coban, un peu dépités de n'avoir pas pu régler ce problème d'assurance. Nous traversons des plantations de café, puis arrivons à Rio Sachicha Parque Ecotouristico. Ioverlander indique que la nuit est à 60Qtz par personne, la dame nous en réclame 100, nous refusons et poursuivons notre route.
Nous nous arrêtons un peu plus loin dans un balneario en bord de route, Vision de Aguila. Ici les tarifs sont affichés, 25Qtz par personne. Le proprétaire arrive, peu sympathique. Il fait mine de réfléchir, crache, puis m'annonce 50Qtz pour nous deux. Je lui dis que nous partirons à 9h00, il me répond que pour ce prix, nous devrons partir à 6h00... Il bougonne puis accepte le billet de 50Qtz que je lui tends.
Nous avons parcouru 137km ce jour, 2 362km depuis notre retour à Cancun.


Samedi 26 Juin 2021 - J31

Nous passons une excellente nuit, pas trop chaude et à 8h00 nous sommes prêts à reprendre la route.

La route AV9 que nous suivons est toujours aussi exigeante, de part les reliefs traversés et son importante circulation. Nous sommes samedi et beaucoup de villageois se rendent dans les marchés des villes les plus proches, notament à Chisec, l'autre grande ville du département de l'Alta Verapaz. Ils se déplacent en tuk-tuk ou dans la benne des pick-ups, lesquels roulent à tombeau ouvert et me doublent dans la moindre descente. Ici, l'habitat traditionnel a été épargé par l'ouragan et nous voyons encore de nombreuses maisons en bois couvertes de tôles.

Nous constatons également que petit à petit, la forêt laisse place à des cultures de maïs. Cette fameuse déforestation dont on parle tant, n'est pas faite ici avec de gros moyens de terrassement, mais elle progresse d'année en année autour des habitations. Et depuis le Chiapas, nous croisons tous les jours des villageois équipés de pulvérisateurs arpentant ces cultures pour répandre les produits agrochimiques à longueur de journée. Avec ces procédés rudimentaires, les surdosages sont inévitables... Sans oublier l'exposition de ces hommes aux pesticides et la pollution des eaux... Mais Coca-cola est là pour vendre de l'eau purifiée !

Nous traversons Chisec et son marché avec bien des difficultés puis entrons dans le département du Peten.

Le Peten est le plus grand département du pays dont la superficie en occupe près du tiers. Avec le Mexique et le Belize, dont il est frontalier, il forme le coeur du territoire de l'ancienne Civilisation maya.

Les paysages changent, nous traversons maintenant une immense plantation de palmiers à huile, nous arrivons à Sayaxché.

Le bac nous attend pour franchir le rio Pasion. Une fois sur l'autre berge, nous poursuivons encore durant quelques kilomètres avant de nous accorder une pause près d'un terrain de foot à l'entrée de la Libertad.

Nous arrivons à destination et rejoignons, pour la nuit, un spot indiqué sur Ioverlander, le parking gardé de la mairie de San Benito.

Nous avons parcouru 245km ce jour, 2 607km depuis notre retour à Cancun.


dimanche 27 juin 2021 - J32

Florès est la capitale du département du Peten. La partie ancienne de la ville se situe sur une île à une extrémité du lac Itza Peten, mais ce n'est qu'une toute petite partie de celui-ci qui s'offre à nous depuis Florès. Deux villes se sont développées de part et d'autre du pont qui relie l'île à la terre ferme, Santa Elena et San Benito. C'est près de la mairie de cette dernière et au pied du château d'eau, que nous venons de passer une nuit tranquille.

Nous nous arrêtons faire quelques courses au centre commercial La Torre près du pont de Florès, puis partons à la découverte de cette ville.

Nous nous baladons à pied en longeant le lac par la côte est. Celle-ci n'est pas la plus agréable et nous devons attendre d'atteindre la rive opposée pour retrouver quelques bars et un peu d'animation. Nous prenons un jus de fruit sur une terrasse puis grimpons à la découverte des ruelles intérieures.

Les petites rues empierrées bordées de maisons colorées ont beaucoup de charme mais nous en faisons rapidement le tour. Il fait très chaud et avant de découvrir la cuisine du chic restaurant Raices, nous profitons déjà avec grand plaisir d'aller nous mettre au frais sous son immense palapas construite sur pilotis au bord du lac. 

Les mesures anti-covid appliquées dans l'établissement sont d'une extrême rigueur. La salle est immense, ouverte sur l'extérieure sur quatre côtés, et pourtant les tables sont distantes d'au moins quatre mètres avec un distributeur de gel installé à l'extrémité de chacune d'elles quand bien même nous avons reçu notre dose à l'entrée, tandis qu'un serveur prenait notre température. Nous consultons la carte et pouvons passer commande de nos plats à l'aide d'un QR code, et les serveurs, qui se tiennent à distance, portent masque et visière, et sont équipés de micro relié entre-eux et les cuisines... Nos couverts arrivent enfermés dans une boîte type Tupperware. Enfin, sitôt les clients partis, un serveur procède immédiatement au nettoyage de la table et de toutes les chaises au karcher!

Isa demande le fameux poisson blanc du lac recommandé par le Guide du Routard. Celui-ci n'est pas à la carte et le serveur bredouille une réponse derrière son masque et sa visière, que nous ne comprenons pas. N'est-ce peut-être pas la saison, n'y a-t-il plus de poisson dans le lac, nous ne saurons jamais, Isa commande un autre poisson.

Nous revenons à la voiture et partons pour Tikal. Nous y arrivons au bout d'une heure, et achetons nos billets pour le lendemain matin, 150Qtz par personne. Nous payons également le camping, 50Qzl par personne et allons nous installer sur la grande prairie au milieu de la jungle. 

Nous avons parcouru 70km ce jour, 2 677km depuis notre retour.


Lundi 28 juin 2021 - J33

Les sanitaires sont rudimentaires et sans électricité. Les douches sont sales, sans pomme de douche, avec des bouteilles vides à droite et à gauche... De plus le gardien ferme les portes et conserve la clé sur lui et il faut lui courrir après pour pouvoir y accéder. Tout çà pour 11 euros par jours. Unique avantage, l'entrée du parc de Tikal est à 100m.

Nous nous présentons à 6h00 à l'ouverture du parc. Nous sommes seuls ce matin, une brume assez tenace au-dessus de nos têtes. Nous entrons, quelques singes hurleurs se font entendre au loin, les coatis traversent le chemin indifférents à notre présence. Nous pénétrons dans la jungle, un poil anxieux.

Tikal connaît son apogée entre 200 et 900 apr. JC. Durant des siècles, les Mayas ont construit, agrandit, modifié des édifices en conservant les constructions existantes. Le site fut redécouvert à la fin du XIXè siècle et ne fut sérieusement étudié que durant la deuxième moitié du XXe siècle.

Le site est très grand et nécessite de cinq à six heures pour une visite complète.

Nous arrivons dans la première zone de temples et découvrons Gran Plaza. C'est l'ensemble le plus impressionnant de Tikal. Il est constitué de deux pyramides se faisant face, le temple du Grand Jaguar (I) et le temple des Masques (II). De part et d'autre de ceux-ci, l'Acropole nord et l'Acropole centrale, des ensembles édifiés les uns sur les autres, un empilement de palais, modifiés au fil du temps. Une structure extérieure permet de grimper sur le temple des Masques. Nous y montons et attendons que la  brume se lève... Deux perroquets s'agitent au-dessus de nous, puis disparaissent.

Le soleil nous accompagne maintenant, nous poursuivons vers le temple V, le deuxième plus haut de Tikal et l'un des plus anciens.

Nous poursuivons et arrivons à El Mundo Perdido, le centre de la ville du IIIè au Vè siècle. Au centre de cet ensemble, une pyramide servait d'observatoire astronomique. Un escalier en bois interminable permet d'accéder à une plateforme construite au sommet de celle-ci, offrant un magnifique panorama sur la jungle. 

Nous terminons la visite de Tikal par l'ascension du temple IV, la plus haute pyramide du site avec 65m. il est passé 11h00 lorsque nous revenons à l'entrée du parc. Quelques groupes entament leur visite, par cette châleur nous sommes bien heureux d'en finir...

Nous revenons au camping-car et déjeunons. Nous quittons ensuite Tikal et retournons à Florès. Nous y arrivons à 15h00, je prends mon ordinateur portable sous le bras et nous nous empressons de revenir sur la terrasse du bar au bord du lac pour suivre le match France-Suisse de l'Euro... 97ème minutes, 3-3, nous mettons un moment à comprendre, le temps réglementaire est terminé et nous jouons les prolongations... Cela m'avait échappé, au Guatemala nous n'avons pas 7h00, mais 8h00 de décalage avec la France...

Cela s'annonce mal, le match se termine aux pénalties. La Suisse bat la France 5 penalties à 4. 

Nous retournons dormir près de la mairie de San Benito. Demain nous prendrons la route de Rio Dulce.

Nous avons parcouru 70km ce jour, 2 747km depuis notre retour à Cancun.