Les Grands Lacs

Il y a un peu d'animation ce matin sur le petit parking de Waubaushene. Quelques pêcheurs se sont installés sur le ponton de bois, des personnes promènent leur chien, un groupe de dames met à l'eau des canoës, nous nous déplaçons au fond du parking de manière à ne gêner personne.  

Deux autres couples sont occupés à planter une bordure de fleurs devant la minuscule plage, et un monsieur fait des allers et retours avec une brouette vers le tas de mulsch situé près de notre véhicule. Isa descend à leur rencontre afin de s'assurer que l'on ne les dérange pas trop. Le monsieur dit que non mais propose que nous allions nous installer sur le terrain de la maison de la soeur de son amie Victoria, un endroit où nous serions plus tranquilles pour  la nuit prochaine. Ces personnes souhaitent faire notre connaissance et parler de notre projet, ils nous invitent à les rejoindre à 16h00, pour un coktail dans leur maison au bord du lac...

Nous les rejoignons à l'heure dite par une allée piétonne bordée de maisons ouvertes sur le lac, totalement dissimulées dans la végétation. Nous les retrouvons dans un salon de jardin au bord de l'eau, ils ont ouvert une bouteille de rosée de Provence en notre honneur. Ces personnes sont originaires de Toronto mais sont voisins ici, au bord du lac Huron, dans la baie Géorgienne plus exactement.  Nous sommes dans la maison de Glen et  Robbie, la maison de Victoria et de son mari, qu'ils viennent de faire construire pour leur retraite, est  juste à côté.  

La Baie Géorgienne est un bras du lac Huron, offrant de belles plages et une eau à une température agréable. Isa en profite pour se baigner, l'eau est à 25°C.   

Victoria était avocate à Toronto, elle a fait une partie de ses études à Québec. Elle et son mari adorent la France, il ont possédé une petite maison dans le Var et ont vécu également quelques mois à Paris. Nous passons vraiment un agréable moment en leur compagnie.

Victoria nous mène à la maison de sa soeur. Au passage elle nous fait découvrir sa maison. L'extérieur est bardé de bois d'un ton de vert se confondant parfaitement avec la nature, l'intérieur est magnifique, un immense volume châleureux, moderne, totalement ouvert sur le lac. La maison de sa soeur, qu'elles ont réhabilitée ensemble avec beaucoup de goût, est également très jolie, mais ne comporte aucune isolation et n'est habitable qu'à la belle saison. Nous nous installons dans l'allée.

Nous avons beaucoup de route devant nous aussi nous décidons de partir très tôt de Waubaushene. Nous roulons toute la journée. La trans-Canada Highway est souvent éloignée des rives du lac, nous traversons quelques villages First Nation, communautés autochtones du Canada, et plusieurs communautés Amishs. Nous croisons un couple en cariole, roulant en sens inverse, tout droit sorti de la Petite Maison dans la Prairie... Nous nous renseignons sur ces communautés, celles-ci ont leurs racines en Suisse d'où elles furent chassées, puis durent émigrer vers l'Alsace et Montbéliard, les Pays-Bas et enfin l'Amérique du Nord. Hostiles à toute modernité, ils sont aujourd'hui sans le vouloir au coeur d'un marché en pleine croissance, celui de la culture bio... Nous nous arrêtons pour la nuit à Blind River.

Nous avons parcouru 438 km ce jour, 6 473 km depuis notre arrivée à Halifax

Nuit tranquille, un petit renard est passé nous saluer hier soir.

Journée de route au cours de laquelle le beau ciel bleu du matin disparaît au fil de heures. Nous traversons d'immenses forêts de résineux chétifs.

Nous nous arrêtons pour déjeuner sur le parking du bureau du tourisme à Sault-Sainte-Marie. Cette ville est située à la fontière avec les Etats-Unis, sur la rivière Sainte-Marie. Celle-ci relie le lac Supérieur au Lac Huron. Un canal long de 274m a été construit et inauguré en 1895, dernier ouvrage permettant de ralier le fleuve Saint-Laurent. 

Nous quittons les rives du lac Huron, maintenant nous longeons celles du lac Supérieur. Nous nous arrêtons pour la nuit à Marathon.

Nous avons parcouru 573 km ce jour, 7 046 km depuis notre arrivée à Halifax

il a plu cette nuit et ce matin une brume épaisse recouvre le lac supérieur. 9h00, celle-ci se lève tout doucement et nous laisse apprécier la beauté du lac depuis notre balcon naturel.

Pas de route ce matin, nous revenons un peu sur nos pas pour visiter le Parc National Pukaskwa accessible avec notre Pass.

Ce parc se situe au bord du lac Supérieur, à l'embouchure de la rivière White, il comporte plusieurs anses et de nombreux îlots.  Plusieurs sentiers en boucle sont proposés. 

Nous effectuons le sentier de la Pointe Sud, puis le Manito Miikana et enfin le retour par le Sentier de la plage.

Le lac Supérieur est le plus grand des grands lacs d'Amérique du Nord, mais également le plus grand lac du monde, et il renferme 1/10ème du volume d'eau douce de la planète. Sa superficie est de 82 100 km2, et son rivage de 4 000 km. Malgé sa taille, moins de 2% des 40 millions d'habitants qui peuplent les rives des grands lacs vivent sur les bords du lac Supérieur. L'automne apporte des tempêtes redoutables sur le lac et en toutes saisons la température de l'eau est très froide.

Nous reprenons la route et roulons jusqu'à Terrace Bay pour un joli bivouac en bord de lac.

Nous avons parcouru 131 km ce jour, 7 177 km depuis notre arrivée à Halifax

il faut nous y remettre, Calgary est encore loin... Les rives du lac Supérieur nous réservent encore de belles images, puis nous arrivons à Thunder Bay. Nous quittons définitivement la région des grands lacs. 

Nous faisons une halte au mémorial Terrance Stanley Fox, et découvrons la tragique histoire de ce jeune homme. Terry, qui est alors un grand sportif, est agé de 19 ans lorsque les médecins lui diagnostiquent une forme de cancer des os nécessitant l'amputation de sa jambe droite. Trois années plus tard, il se lança l'extraordinaire défi de ralier l'océan Atlantic au Pacific en parcourant chaque jour un marathon de 42 km afin de récolter des fonds pour la recherche sur le cancer. 

La maladie ne lui laissa pas le temps d'achever son Marathon de l'espoir, il dû stopper sa course ici, à Thunder Bay, après avoir traversé toutes les provinces depuis Terre-Neuve et parcouru 5 373 km. Il décèdera quelques mois plus tard, considéré comme un héros par tout le pays. Chaque année, la course Terry Fox est organisée en sa mémoire.

Changement de fuseau horaire, nous avons maintenant 7 heures de décalage avec la France. Nous nous arrêtons un peu avant Konora, entre lacs et forêts.

Nous avons parcouru 687 km ce jour, 7 864 km depuis notre arrivée à Halifax

Nous reprenons notre route et entrons dans la province Manitoba. Nous quittons l'Ontario après plus de 2 000 km parcouru depuis Toronto. 

La Trans-Canada Highway est maintenant en 2x2 voies, nous en avons fini avec les lacs et forêts, place aux champs de céreales. 

Nous nous arrêtons pour déjeuner dans un charmant parc dans la commune de Saint-Anne.

Nous traversons Winnipeg et y faisons quelques courses. Une peinture murale attire notre attention et montre la dualité culturelle du Canada. Contrairement à ce que je croyais, la partie francophone du pays ne se limite pas qu'au Québec, et de nombreuses communautés habitent dans les provinces anglophones. Ici, à Winnipeg, ville de 700 000 habitants, 5 % de la population est francophone et vit dans le quartier de Saint-Boniface.

Nous nous arrêtons pour la nuit sur une aire en retrait de la Trans-Canada Highway un peu avant Brandon. Nous avons parcouru 427 km ce jour, 8 291 km depuis notre arrivée à Halifax

La traversée de Manitoba est rapide, nous entrons dans la province suivante, Saskatchevan et, curieusement,  reculons à nouveau nos montres. La largeur des fuseaux horaires canadiens est plutôt déroutante.

La route devient franchement monotone, heureusement nous apercevons de temps à autre un vieux silo à grains très photogénique...

Ce que nous croisons le plus, ce sont des Bisons. Pas encore l'animal, mais les trains routiers composés d'un tracteur et de deux remorques formant un ensemble de 25 m très impressionnant, surtout lorsqu'il nous double avec l'élan d'une descente...

Côté rails, nous voyons beaucoup de trains de céréales, mais également avec des wagons porte-conteneur à deux conteneurs superposés.

Nous passons Regina, la capitale du Saskatchevan, et roulons jusqu'à Moose Jaw. Il se met à pleuvoir.

Nous avons parcouru 521 km ce jour, 8 812 km depuis notre arrivée à Halifax

La pluie est prévue pour toute la journée, et retour du beau temps demain. Je préfère ne pas reprendre la route dans ces conditions et rester à nous reposer sur le grand parking du  bureau du tourisme.

Une petite lessive en fin d'après midi pour se distraire... Deuxième nuit à Moose Jaw.

Nous avons parcouru 13 km ce jour, 8 825 km depuis notre arrivée à Halifax

Le beau temps est bien de retour. Les paysages ne changent guère, si ce n'est l'apparition de quelques troupeaux de vaches et de quelques puits de pétrole, comme ceux que l'on peut voir en région parisienne.

Nous arrivons à Medicine Hat, nous venons d'entrer en Alberta. Nous nous arrêtons faire plein et vidange à l'office du tourisme et allons voir le Tipi géant installé pour les JO de Calgary en 1988.

Nous continuons sur la Trans-Canada Highway durant 200 km, puis bifurquons en direction de Drumheller. Nous nous arrêtons à l'entrée de la ville sur le parking du Walmart.

Nous avons parcouru 648 km ce jour, 9 473 km depuis notre arrivée à Halifax.